Ma rencontre avec le Festin de Babette s'est faite en 5ème, à l'occasion d'une rédaction-maison au cours de laquelle nous devions raconter un repas de famille. Ma mère, les yeux brillants, m'avait résumé le conte de Karen Blixen en guise d'inspiration (très efficace). Il m'aura fallu attendre aujourd'hui pour voir ce film, et j'en ressors tout attendrie.


Dans ce village danois - dont je ne dirai plus jamais qu'il s'agit d'une langue rude, pardonnez mes errances - Babette fait office de figure christique, venant offrir une cène aux douze convives murés dans le silence. C'est ce silence qui les unit et leur fait dépasser leurs dissensions. C'est ce silence qui leur fait apprécier, dans l'intimité de leur palais, le Café Anglais que Babette recrée pour eux. Seul le Général, qui a déjà goûté à la Grâce culinaire, qui est déjà sorti grandi de l'acceptation de ses regrets, s'autorise à jouir à voix haute des dons d'Apicius.


Tout tournés qu'ils sont vers Dieu, les ouailles du pasteur en oublient l'essentiel : remercier celle qui a rendu leur réconciliation possible. Heureusement pour nous, Gabriel Axel, lui - contrairement à moi - ne juge ni ne dénigre cet oubli. Il se contente de montrer avec sobriété des gens dont les joues rougissent et les yeux brillent de bonheur et de rendre ainsi hommage aux artistes qui en ravissant nos sens enthousiasment nos esprits.

LuiseDiLida
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le 10 mai 2017

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