Suite à des prolifiques (La Mouche, Vidéodrome, Faux-Semblants... ) années 1980 qui lui auront permis de s'installer sur le devant de la scène, David Cronenberg ouvre les années 1990 en adaptant le roman de William S. Burroughs, Le Festin nu.
Avec ce livre jugé inadaptable, et en partie autobiographique, il nous emmène peu à peu dans la vie d'un exterminateur où il va peu à peu avoir face à lui des extraterrestres qui le disent en mission. Ouvrant Le Festin Nu comme un film noir de l'âge d'or hollywoodien, Cronenberg nous immerge dans la vie de cet individu, entre sa femme, son boulot, la drogue puis donc les cafards, avant de faire rentrer l'oeuvre dans une ambiance plus absurde, fantastique et surtout troublante, où il joue avec la frontière entre le réel et l'imaginaire sans jamais vraiment le dévoiler.
Je n'ai eu que très peu de déception avec le cinéma de David Cronenberg et avec Le Festin Nu, ça y ressemble où je n'ai pas vraiment ressenti les sensations liées à l'ambiance, il ne m'a pas fait rentrer dans son univers comme il avait si bien su le faire avec Vidéodrome ou Faux-Semblants, entre autres. Ici, sans non plus donner de mauvaises sensations, il m'a un peu trop laissé de marbre là où j'aurais surement dû me sentir au côté de l'exterminateur pour y ressentir les mêmes doutes, le même trouble sur des évènements de plus en plus bizarres ainsi qu'une plongée dans un univers qui peut facilement perdre.
C'est vraiment dommage car il montre tout de même un vrai savoir-faire, sachant rendre son personnage intéressant par la façon dont il va prendre son temps pour nous immerger dans sa vie, d'abord avec cet aspect de film noir. Il est souvent inspiré, usant de nombreuses métaphores, que ce soit autour d'une homosexualité plus ou moins assumée, de la drogue ou autres, et débordant d'idées, que ce soit de mise en scène ou dans le scénario, jouant aussi très bien avec les couleurs et les quelques touches de saxophone. Visuellement, Le Festin Nu est particulièrement réussi, que ce soit grâce à la réalisation du canadien ou l'aspect des créatures, tandis qu'il bénéficie d'un excellent Peter Weller.
Si Le Festin Nu ne manque pas d'intérêt, et reste d'ailleurs intéressant à plus d'un titre, ça n'en est pas moins une déception où David Cronenberg ne m'a pas vraiment immergé pleinement dans son univers si particulier, lui qui avait si bien réussi à le faire par le passé.