Le sexe et la mort

Gino est un jeune homme a qui la vie n'a pas fait de cadeau. Elevé dans un milieu violent, il est rapidement placé. De là, il tombe dans la délinquance et commet des braquages avec des complices de longue date devenus sa seule famille. Un jour, il rencontre Bénédicte. Elle est pilote de course amateur. Ils se plaisent, se revoient et ne se quittent plus. Gino lui avoue sous forme de boutade qu'il braque des banques, Bénédicte ne sait pas trop quoi penser. Elle est cependant intriguée par ses absences répétées. Son père, un riche industriel, n'est pas dupe. Quand Gino lui demande la main de sa fille, il lui fait comprendre qu'il doit choisir entre cesser de mentir ou mener une autre vie. Gino est tiraillé. Pressé par ses complices, il accepte cependant un dernier coup qui doit les mettre définitivement à l'abri du besoin. Entretemps, Bénédicte et lui se sont mariés.

Le casse tourne mal. Un des complices est mortellement blessé. Réfugiée dans une maison de campagne, la bande est rapidement encerclée. N'ayant aucune nouvelle, Bénédicte est approchée par Géraldine, une policière qui a réussi à infiltrer la bande. Pour sauver Gino, Bénédicte comprend qu'elle doit coopérer. Lorsque Gino l'appelle, elle lui fait promettre de ne rien tenter lors de son interpellation.

Gino est condamné à quinze ans dont cinq avec sursis. Sa coopération et celle de Bénédicte lui donne droit à un aménagement de sa peine. Il a bon espoir de sortir plus tôt et obtient le droit de recevoir Bénédicte. Ils essayent d’avoir un enfant. Bénédicte suit un traitement pour remédier à des problèmes de fertilité. Elle finit par tomber enceinte.

L'entreprise du père de Bénédicte est sur le point d'être rachetée par un groupe aux méthodes douteuses. Bénédicte est approchée par le fils de l’homme qui dirige ce groupe. Il lui assure la protection de Gino en prison en échange de la vente de l’entreprise à leurs conditions.

En liberté conditionnelle, Gino est sur le point d’être arrêté après une banale altercation. Il fuit et retrouve Bénédicte qui accepte de le cacher. Pour son bien, elle prévient la police.

Les choses vont de mal en pis. Bénédicte perd son enfant et apprend qu’elle a un cancer. Sa santé décline rapidement. Lorsque Gino vient la voir sur son lit d’hôpital, elle est déjà inconsciente. Il apprend sa mort quelques jours plus tard.

Gino et Bénédicte s’étaient imaginés vivre en Argentine. Avant de mourir, Bénédicte a demandé au fils de l’homme d’affaire d’organiser l’évasion de son mari vers ce pays. Mais Gino, bien que libre, ne veut plus partir. On tente de le faire disparaître. Il parvient cependant à fuir à bord de la voiture de sa femme et se rend au cimetière de Koekelberg à Bruxelles pour la retrouver.

Le Fidèle de Mickaël R. Roskam renoue avec la tradition du film noir et des amants maudits. Un pari risqué car les deux genres, le romanesque et le film noir, sont d’un autre temps. Mais Roskam comme ses personnages est un têtu à la recherche du temps perdu. On le voit entreprendre avec son personnage principal, Gino, une quête insensée qui doit les sauver d’eux-mêmes alors que le destin en a décidé autrement. C’est la force du film noir de laisser espérer et d’ouvrir une parenthèse de bonheur à l’intérieur d’un mécanisme où chaque pièce attend son heure pour enclencher la chute finale. Comme dans Casque d’or ou Bonnie and Clyde, les amants captent sur eux cette lumière diaphane qui est une grâce momentanée, une tolérance de la Loi avant qu’elle ne s’abatte. En conjuguant le film d’amour avec le film de gangster, Roskam fait se rejoindre deux dialectiques, le sexe et la mort, dont on avait oublié la puissance dramatique depuis Bataille. Sur ce plan, le fim est une réussite. Alors, si vous n’avez pas peur d’être triste au réveil, voyez ce film. Ses amants magnifiques auront vécu pour vous !