Etonnamment, malgré un come-back réussi à la fin des années 90, il faudra attendre presque sept ans pour retrouver la poupée tueuse sur nos écrans, et encore, en dehors des gros studios, son créateur, Don Mancini, s'occupant lui-même de la mise en scène et préférant la liberté que lui confère un budget réduit.

Dès le générique suivant la course de spermatozoïdes à l'assaut de l'ovule de la poupée Tiffany (le titre original, "Seed of Chucky", est à double sens), le spectateur comprend qu'il a affaire à une blague puérile de sale gosse, encore plus déjantée que la précédente. Relativement débarrassé des impératifs commerciaux, Don Mancini se fait plaisir, signant une mise en abyme goguenarde de sa propre saga, tapant à l'aveuglette comme un gros bourrin sur Hollywood et son univers impitoyable, sur ses rappeurs, sur ses starlettes, sur ses paparazzis, sur ses pseudo-auteurs à deux balles.

Un post-modernisme facile et loin d'être subtile, handicapé de plus par un budget insuffisant et par une tenue formelle à peine digne d'un slasher des 90's. Mais malgré cela, il faut bien reconnaître que voir Mancini aussi libre et heureux de tout envoyer chier fait franchement plaisir, le gus y allant à fond dans l'humour débile et jonglant comme un manchot avec les références appuyées au marqueur à "Shining", Carpenter ou encore "Ed Wood".

Gentiment crasspec, le film de Mancini vaut surtout pour son casting improbable réunissant le rappeur Redman au jeu délicieusement catastrophique, le revenant Nicholas Rowe (le jeune Sherlock Holmes du "Secret de la pyramide" ! toute mon enfance !) le temps d'une apparition, Jason Flemming en père-noël ou encore ce vieux timbré de John Waters. Mais c'est surtout la sublime Jennifer Tilly qui fait à nouveau des merveilles, la belle s'amusant comme une folle avec sa propre image et s'avérant sacrément vacharde avec elle-même.

Pure délire régressif d'un auteur enfin libre de faire ce qu'il lui plait, "Le fils de Chucky" est un joyeux bordel bancal et tombant parfois à plat, mais qui reste agréable à suivre et dont la liberté de ton fait franchement plaisir à voir, surtout dans un genre aussi renfermé et codifié que celui-ci.
Gand-Alf

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