Rowland V. Lee n’est pas, comme d’aucun le pense injustement, un illustre inconnu digne de votre dédain.
D’abord, c’est le type qui a fait L’Or et la femme, un film dont j’ai dit ailleurs tout le bien que je pensais, ensuite, qui d’autre que le réalisateur du comte de Monte Cristo (mais si vous savez, la version de 1934 dont vous avez tous vu un extrait dans Minority Report ou V pour vendetta…) pouvait mener à bien l’improbable projet de donner un fils au légendaire héros de Dumas ?
Sachant en outre que Rowland était déjà derrière Le Fils de Frankenstein deux ans auparavant, qui donc osera lui nier les capacités idéales pour ce genre de pratiques bizarres qui doit bien aujourd’hui porter un nom anglophone in voire up-to-date…
Du coup, moi, je suis parti confiant, je me suis plongé avec jubilation dans cet étrange prémake du Château de Cagliostro, avec une principauté aux mains d’un méchant dictateur (George Sanders, au look improbable mais apportant toujours une plus value certaine) qui veut mettre les mains sur la douce Joan Bennett, héritière officielle, et un Edmond Dantès Jr bondissant et Zorroesque qui vient joyeusement se mêler de ce qui ne le regarde pas pour les beaux yeux de qui vous croyez.
Et bien, en vrai, c’est rien chouette, comme naveton, Louis Hayward n’est pas le nouvel Errol Flynn (et ce n’est pas en jouant dans Les nouvelles aventures du Capitaine Blood que ça va changer ça), et il a hélas aussi peu de charisme que de talent de comédien, mais il possède une légèreté de bon aloi qui ne gâche pas trop le film.
Non, en fait, ce qui gâche ce film et lui vaut cette note injuste et profondément méchante, ce n’est pas Louis, ce n’est pas Rowland, ce n’est pas Joan et encore moins George. Ce qui gâche le film, c’est Bach Films qui propose la copie la plus dégueulasse que j’ai pu voir dans ma vie, avec une image qui est nette seulement lorsque les acteurs sont immobiles et qui part dans un grand n’importe quoi à chaque mouvement ou petit duel, ce qui, pour un film bondissant avec héros masqué et fleuret au vent peut devenir insupportable assez vite.
Par contre, si vous le trouvez chez un autre éditeur, laissez-vous donc tenter !