Ce n'est pas le mal, mais le bien, qui engendre la culpabilité.



Le Fils du pendu : Moonrise est une petite pépite des années 48 réalisé par Frank Borzage qui présente un conte noir obsédant de culpabilité fait avec un soin remarquable. Le récit est captivant, possédant une histoire marquante, d'une puissance dramatiquement dérangeante à la complexe moralité, évitant les facilités. Une construction narrative très intimiste révélant une part d'humanité aussi abrupte que romancée.


Techniquement impressionnant par une mise en scène visuellement expressive dans son image, maintenant une nuance de sobriété mémorable et unique. Une atmosphère totalement maîtrisée rendant une tension réellement palpable. Des plans brillants et élégants toujours dans un expressionnisme étonnant de cohérence, où le cinéaste réussit à faire des merveilles avec les décors, comme avec les marécages, ou encore le manoir abandonné.


La réalisation de certaines scènes est esthétiquement impressionnante. La scène d'ouverture expérimente les bases avec des prises de vues complexes, jouant habilement des ombres et des contrastes. Une figure de style juste d'expression, mettant en relief une première scène de taille, qui n'a rien à envier à un Alfred Hitchcock.


La séquence du manoir abandonné se terminant sur une belle danse est un condensé de bonnes idées privilégiant les fantômes de la mélancolie, de l'amertume et même de la vie amoureuse. Également à retenir la séquence de la grande roue dans la fête foraine, ou celle de la tentative de meurtre sur le simplet, présentant le point culminant du poids de la peur et de la culpabilité du meurtre, dans une paranoïa psychotique incontrôlable.


Dane Clark dans le rôle de Danny Hawkins est incroyable. Le comédien est habité par son rôle véritablement perturbé, harcelé depuis l'enfance, poursuivi par le passé tragique d'un père condamné à mort par la pendaison. Il fait sienne la peur et la culpabilité qu'éprouve son personnage par un dialecte tout en substance. Un véritable tour de force. Le meurtre qu'il commet crée en lui une blessure profonde et intense que rien ne peut apaiser, même pas l’amour.


Gail Russell est magnifique dans le rôle de l'institutrice. D'une justesse étonnante, la comédienne tire son épingle du jeu. Ne servant pas que d'amourette au récit, elle amène de la subtilité au destin tragique du héros par une relation étonnamment mature. J'en suis tombé amoureux, malheureusement, je pense être né à la mauvaise époque. Que la vie est cruelle.


Parmi les défauts à signaler, je regrette une durée de vie un peu courte : par une conclusion certes loin d'être mauvaise, mais clairement abrupte. Néanmoins, la cohésion avec le récit reste maintenue. Je suis surpris que ce film ne soit pas grandement connu, je l'ai regardé un peu au hasard et la surprise fut entière.


CONCLUSION :


Le fils du pendu : Moonrise est une oeuvre étonnante possédant un sens aigu de la gravité sur lequel rien ne peut influer. Une véritable descente psychologique aux enfers pour le comédien Dane Clark qui livre une performance viscérale, appuyé par la superbe comédienne Gail Russell. Une technicité grandiose par un réalisateur visiblement inspiré.


Une expérience qui se doit d'être vécue.

B_Jérémy
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le 27 nov. 2019

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