Très solide représentant des films de gambling exposant avec finesse l'addiction incontrôlable au jeu qui écrase un excellent James Caan (franchement pas loin de son meilleur rôle), solitaire dans l'âme, en prise avec son irrépressible envie de toujours faire un pari de plus, de toujours prendre un nouveau risque. Ce n'est pas tant l'enjeu du pari qui compte, puisque James enchaîne tout type de jeux comme il testerait tout type de drogues en une soirée, mais davantage la spirale inexorable qui mène ce fils de bonne famille juive au fond de sa logique égoïste et malsaine.


Professeur de lettres aimant décortiquer les incertitudes de Dostoïevski aussi bien que les failles de Washington, mythe de l'Amérique gagnante fait homme, il n'hésite pas à emprunter des dizaines de milliers de dollars à sa mère qu'il doit reverser à ses requins de bookmakers avant de ne pouvoir s'empêcher de glisser vers un autre pari stupide qui l'éloigne toujours plus du bon sens et le rapproche de l'étau de la pègre. James Caan compose un joueur presque attachant, pris au piège de son vice sans possibilité d'y résister, confronté à une réalité qu'il fuit par simple peur de sa banalité.


Les seconds rôles sont ultra solides, de Paul Sorvino à Burt Young en passant par Emmet Walsh, Allan Rich, Vic Tayback jusqu'à la plutôt convaincante Lauren Hutton, c'est du lourd. En prime, un tout jeune James Wood campe un petit rôle d'employé de banque tandis qu'Antonio Fargas, prototype badass d'Huggy les bons tuyaux, vient clore un final des plus curieux et déstabilisant. L'atmosphère très particulière qui baigne dans le délicieux malaise réaliste typiquement 70s fait merveille et la fin abrupte et ouverte referme une oeuvre finement habitée.


Bizarrement plutôt surpris par le petit film remake avec Mark Wahlberg de 2014 qui m'a mené à celui-ci, toutes les bonnes idées viennent bien de ce parent. Typique de la période telle une impasse autodestructrice aussi charnelle qu'étouffante, Karel Reisz donne bien envie de creuser sa filmographie plutôt attirante vue la maîtrise de ce Flambeur.

drélium
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le 5 déc. 2015

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