Le fond de l'air est rouge, plein d'espoir et de promesses : la révolte socialo-communiste était en marche en cette fin de XXe siècle.
Elle se cristallisa au moment de la guerre du Viêt-Nam, charnière et charnier de la Guerre Froide, qui opposa l'impérialisme américain à l'insoumission communiste. Son issue, connue, fit naître des vocations au quatre coins du monde. Les étudiants français poussèrent la France à la gréve générale en Mai 68. Au même moment, toutes les grandes villes du monde (Berlin, Columbia, Pékin) vacillèrent sous le grondement de la révolution naissante. A Prague, les tchécoslovaques prônèrent un socialisme à visage humain sous l'impulsion d'Alexandre Dubček. L'heure fut également à l'insoumission en Amérique Latine où sévirent les Ernesto "Che" Guevara, Fidel Castro, Salvador Allende et Régis Debray.
Mais la révolte ne dura qu'un temps et s’essouffla. En son sein même, la révolution dans la révolution prônée par Debray gêna les leader alors en place. Les intérêts personnels divergents fracturèrent le mouvement qui, incapable de se ranger sous une seule bannière, se délita lentement. C'était sans compter sur la nature humaine, rêveuse mais frileuse, qui préfère se contenter du "tien" plutôt que des "tu l'auras" et des "nous l'aurons".
Finalement, les chars soviétiques entrèrent à Prague à la fin du mois d'Aout 69. Le Che mourut deux ans plus tôt en Bolivie tant sous les coups de feu de l'armée (et de la CIA) que de désespoir. Allende mis fin à ses jours le 11 septembre 1973, renversé par le putschiste Pinochet qui instaura sa tristement célèbre junte. Les répressions se firent dans le sang au Mexique. L'insoumission naïve du début fut finalement détournée et instrumentalisée au profit d'un seul (Castro), d'une faction (Mao et ses reîtres) ou d'une nomenklatura (le Kremlin).
Le cynisme du libéralisme américain fit son œuvre : en se retrouvant seul en vogue, le modèle communiste se retrouva face à ses démons et ses contradictions. La sédition laissa place à la reddition. Les américains avaient gagnés la guerre du Viêt-Nam.
Le fond de l'air est rouge. Le sang qui a coulé s'évapore à présent. Comme les rêves qui jadis faisaient battre les cœurs. Rouge.