En tant que sujet d'étude :
Le Fond de l'Air est Rouge est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Chris Marker un réalisateur dont je connaissais juste La Jetée et Lettres de Sibérie
Ici, Marker, en 1977, essaye de faire un état de la gauche et des différentes luttes qu'il a filmé ou dont il a retrouvé des archives. Ça parle à la fois de Mai 68, de la mort du Che, de la guerre du Vietnam du printemps de Prague, mais aussi de la façon dont Castro manie ses micros, de la façon dont Salvator Allende parlait aux employés des usisnes, de la façon dont la lutte change et ça se termine par des hélicoptères américains faisant la chasse aux loups.
Le tout se termine par un commentaire de Marker, des années après, lorsque le rideau de fer est tombé. A noter que Marker masque un peu son avis en utilisant plusieurs voix-off (apparemment celle de Yves Montand et Simone Signoret en fait parti, mais j'avoue ne pas les avoir reconnus) et que le film est bien plus un essai qu'un documentaire.
Le film est assez marqué par sa volonté de ne pas avoir de fil rouge narratif explicite que l'on sent dans l'attitude assez désabusée de Chris Marker : Il se pose en simple témoin de son temps et il y a un côté "coucou, j'ai filmé tout ça, vous en faites ce que vous voulez." Même si Marker refuse explicitement de prendre parti même si on lui sent une certaine sympathie pour Allende, le Printemps de Prague et qu'il rajoute un côté sympathique à Castro.
Mon avis personnel :
J'aurais mis tout mon été à regarder ce documentaire sur mes pauses bouffes, le découpant par petit bout. Mais du coup, je ne sais plus quoi en pensé, tant j'ai l'impression d'avoir vu une série s'appelant "petits bouts du communisme."
Et puis surtout, si tout ces événements mis bout à bout laissait espérer une sorte d'aboutissement futur, de préparation pour quelque chose qui arrivera, l'Histoire nous a montré qu'il n'en sont restés que des petits bouts épars. Par moments, j'ai eu du mal à recontextualiser et il a fallut que j'aille sur wikipédia pour voir ce qu'était le printemps de Prague par exemple. Lorsque Marker a monté telle ou telle chose la signification devait être fraiche dans la tête du spectateur et les liens devaient être plus facile à faire.
Les passages de luttes sociales et de manifestations qu'elles soient en France, en Irlande ou aux USA par contre ont un côté saisissant lorsqu'on les mets en parallèle avec les luttes d'aujourd'hui : même répressions aveugles de la police, même façon de criminaliser le mouvement, même sens de la mise en scène de l'état pour que les choses dégénèrent. (Et même arrogance de l'extrême droite envers ces mouvements ou envers les populations bombardés.)
Je ne sais pas ce que je vais en retenir, mais je ne regrette pas de l'avoir vu : J'ai pas vraiment eu de mal à le regarder, (normal découpé en tranche de 20 minutes) et à vrai dire j'en garde un assez bon souvenir.