Le fondateur raconte un rêve américain. Un rêve américain qui a en réalité tout d'un cauchemar. Cela aurait dû être le rêve des frères mac Donald, deux frères dont la créativité est bien mise en scène dans le film. On se prend au début du film à admirer l'expertise et la minutie de l'organisation de la petite cuisine de la première enseigne où aucun geste n'était laissé au hasard pour parvenir à délivrer aux clients un menu unique en 30 secondes.
Mais le loup entre dans la bergerie. Incarné par Michael Keaton, M. Kroc, sorte de vendeur de cravates raté, a ici le nez creux. Il convainc les deux frères de créer une franchise et le film se concentrera sur l'ascension éclaire de la société et de celui qui s'en réclame fondateur. La mise en scène est sobre, le jeu non emphatique de Keaton ne se perd pas dans une caricature du capitaliste carnassier qui écrase toute concurrence dans un rire démoniaque. C'est cela le tour de force du film, mettre en scène un succès entrepreneurial américain objectivement et laisser le spectateur se faire son opinion de celui-ci. Certains seront mis en appétit devant le succès managerial de Kroc, d'autres auront la nausée de voir les créateurs de Mac do dépossédés de leur enseigne, et même de leur nom. Après visionnage du fondateur, mon point de vue est fait, Proudhon n'aurait pas pu trouver meilleur exemple d'entreprise pour illustrer son assertion "la propriété c'est le vol !"