J'aime bien en apprendre sur la création des entreprises, mais c'est vrai que parfois cela tombe dans l'hagiographie gratuite sur un génie qui a tout compris avant tout le monde. Ici, on est dans un biopic qui étonnement ne tombe pas dans l'angélisme (ironique venant de la part du réalisateur de A L'Ombre de Mary auquel on avait reproché l'inverse) et qui montre comment une success-story c'est aussi une affaire de requins.


Cas d'école avec le film Le Fondateur qui montre comment Ray Kroc a fondé l'empire McDonald en évinçant légalement ceux qui étaient à l'origine du concept, leur volant jusqu'à leur propre nom.


Alors, des exemples dans le style en a à la pelle, et dans ce genre de situations, les choses sont complexes : si on a rarement un type fainéant qui s'attribue le mérite pour le travail des autres, l'inverse est tout aussi vrai, le récit de dirigeants idiots qui sabotaient leur entreprise, laquelle aurait été redressée par un homme innovant qui a pris sur lui tous les risques, est elle aussi un fantasme. La réalité est plus nuancé (ce qui permet au manipulateur de vanter certains de ses mérites, puisqu'ils existent vraiment, tout en passant au tapis tout le reste.)


Ici, on montre très bien que Kroc est un profiteur au dent longue, mais qu'il sait aussi mettre les mains dans le cambouis, prospecter et qu'il a pris des gros risques financiers. De l'autre, on voit que les frères MacDonald, auquel il grignote petit à petit les droits, étaient loin d'être des perdreaux de l'année : ils étaient des businessmen républicains aguerris, mais on fini par se faire bouffer par quelqu'un d'encore moins scrupuleux qu'eux. (J'ai lu une critique qui expliquait que le film montrait la division entre deux types de capitalistes : celui de l'entrepreneur classique issue du New Deal, face au néolibéraliste expansif.)


Pour le coup, le casting est assez impeccable : Michael Keaton est parfait dans le rôle de quinqua vendeur de mixeur qui devient un requin, Laura Dern en épouse qui va être floué par son époux après s'être investi dans son entreprise (on a mal pour elle, d'autant plus que ce genre de chose arrive couramment) et Nick Offerman en frère macdonald nerveux et colérique (j'avais du mal à enlever de ma tête que je l'ai vu sur de nombreux mèmes avec une moustache.)


A vrai dire, j'ai vu ce film avec des copains auquel ce genre de mésaventure est arrivée et qui ont vu un associé manipulateur détruire petit à petit le projet qu'ils avaient fondés ensemble. De mon côté pour en avoir vus plusieurs dans ma vie, on a passé le film à comparer ce qu'il arrivait aux frères McDo à ce qu'il nous était arrivé dans la vie, et on a retrouvé pas mal de ficelles communes.


On trouve entre autre, le fait que ce genre de type trompent tous leur femme et ne e privaient pas de les dégager, surtout quand celles-ci s'étaient données corps et âmes dans le projet de leur mari. Idem lorsqu'il s'agit de lâcher les gens une fois qu'on a plus besoin d'eux ou que ceux-ci sont en conflit (y compris sur des points mineurs) qu'importe si ceux-ci ont été amicaux ou conciliant par le passé. On trouve aussi le fait de profiter du moindre moment de faiblesse pour se montrer soit sympathique soit cruel, soit les deux (le chèque sur le lit d'hopital) et le fait d'asseoir sa supériorité en donnant des coup bas alors que la bataille est déjà gagnée (le fait d'ouvrir un McDo devant l'ancien resto des frères McDonald's.)


Le Fondateur est une bonne description du manipulateur (notamment en affaire) et en cela il est très intéressant à regarder. Alors, certes, on peut reprocher au film d'être très classique dans sa réalisation, mais ça n'a rien de choquant.

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le 14 sept. 2020

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