Il y a quelque temps maintenant, je découvrais Touki Bouki pour l’écriture d’une chronique radio consacrée au cinéma africain. J’en étais resté là avec Mambety tout en me disant qu’il faudrait que j’y revienne un jour. Et pourquoi pas aujourd’hui ? Cette fois, on est sur la fin de carrière du cinéaste puisque ce moyen-métrage est son avant-dernier film avant sa mort prématurée en 1998.
Dakar. Marigo est un musicien sans le sou dont l’instrument a été confisqué par sa logeuse du fait de ses loyers impayés. N’ayant pas grand-chose à perdre, il se paie un ticket de loto qu’il colle à la porte de sa pièce. Pour le valider, il faudra bien parvenir à le décoller.
Difficile de porter un regard sur ce cinéma. Le visionnage est souvent perturbé par une étude attentive, sociale et géographique, du milieu de vie. Car c’est une chronique racontée à hauteur de la rue. On marche entre les poules et les oies, dans la poussière qu’aucune pluie ne semble coller au sol. Marigo rêve de liberté, pas de fortune. D’ailleurs, son héros est Yaadikoone, un genre de Robin des Bois. Du coup, ce billet de loto est avant tout un gage de libération. Alors quand Marigo va vers sa liberté, il emporte la porte qui l’enferme. Il va vers les espaces ouverts, des terrains vagues, la mer. Des lieux où sa musique peut s’évader autant que lui. Poétique et presque onirique, le film ne se laisse pas apprivoiser facilement. L’humour y est tantôt noir, tantôt burlesque. On pourrait presque y voir un Charlot de Dakar, son chapeau vissé sur la tête et paraissant parler à lui-même et à nous spectateur. Comme si le monde autour de lui n’était pas le sien. Assez drôle par moment, assez touchant sur la fin, on est transporté dans cet amas de pierres, de béton et de tôle ondulée dans lequel la vie rêvée essaie de nier la réalité, de s’en échapper.
Donc ? Ça n’a pas la force de Touki Bouki et à ce titre, c’est une déception. Mais l’ambition n’est pas la même. Intéressant mais j’avoue qu’on est sur du cinéma qui peine à me parler pleinement.
>>> La scène qu’on retiendra ? Les plus beaux plans sont ceux de notre personnage marchant et dansant dans un paysage lunaire. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour le rêveur.