La première partie du "Fugitif" - inspiré d'une célèbre série télévisée - reste, plus de vingt ans après, un modèle du genre, avec une poursuite haletante qui ne sacrifie pas aux poncifs du cinéma d'action et une collision entre un bus et un train mémorable, puisque pas encore "digitalisée", ce qui permettra aux très jeunes gens biberonnés aux effets spéciaux modernes de VOIR la différence de crédibilité entre une image de synthèse et une cascade réalisée in situ. L'apparition à la fois menaçante et hilarante (un beau paradoxe) de Tommy Lee Jones, alors quasi inconnu (et moins sobrement élégant que par la suite), est absolument magique, et explique la fascination immédiate que l'acteur exerça sur le public, faisant clairement de l'ombre ici à un Harrison Ford pas au meilleur de sa forme. Malheureusement, la seconde partie du "Fugitif", et particulier la fin (classiquement, trop classiquement policière) désamorce un peu notre excitation, en multipliant en particulier les bastons excessifs, et on passe à côté de ce qui aurait pu être un petit chef d'œuvre du genre. En l'état, grâce également à une mise en scène sobrement efficace, "le Fugitif" reste un bel exemple d'artisanat honnête, produisant un résultat supérieur à la moyenne du cinéma hollywoodien. [Critique écrite en 1998, et retouchée en 2015]