C'est un film de gangsters à la française, mais différent de ceux des années 50 adaptés des romans de Simonin qui étaient tournés plus souvent vers un contenu social. Ici, le ton est plus violent, plus moderne, même si ça respecte le décor rétro, puisqu'il s'agit d'une évocation du fameux gang des Traction-avant dirigé par Robert le Dingue dans cette immédiate après-guerre, époque de reconstruction où les gangsters profitent de la lente réorganisation administrative ; la police restait impuissante avec leurs vieux tacots poussifs et leurs vélos, alors que la pègre utilisait la puissance des Citroën à traction avant qui développaient 15 cv, un luxe rare pour l'époque.
Producteur du film, Alain Delon fait de nouveau appel à son vieux complice Jacques Deray avec qui il a connu plusieurs succès comme la Piscine ou Borsalino... et avec qui il venait de faire Flic Story adapté du livre de Roger Borniche. Pour cette nouvelle collaboration, Delon opte pour une autre adaptation d'un livre de Borniche, mais il affiche une attitude plus fantaisiste déjà par une perruque frisée qui lui donne un aspect un peu fou, comme l'est son personnage. Le ton du film est aussi beaucoup moins sérieux et plus léger que Flic Story, s'attachant plus à la vie quotidienne des gangsters qu'aux braquages, une vie qui reprenait du poil de la bête après la Libération.
Moins brillant que Flic Story qui reste un formidable polar plus véridique avec un face à face intense, le Gang est cependant nerveux et rythmé, en s'inspirant de faits assez romancés, mais se laisse voir sans déplaisir et brille par une reconstitution soignée de la France d'après-guerre. Delon égal à lui-même, est bien entouré par de bons seconds rôles.
Un chouette polar au ton rétro.