Le Garçon et la Bête était pour moi une forte attente, rien que pour le passif de l'auteur et son studio qui ont su, à trois reprises, me transporter dans leurs mondes (Les enfants loups, La Traversée du Temps et Summer Wars). Vous imaginez donc quels étaient mes a priori avant la séance.
On y trouve rapidement la signature de Mamoru Hosoda que ce soit dans la réalisation et ses plans-séquences remarquables ou dans l'évolution des personnages. Un thème récurrent de l'auteur-réalisateur est de confronter des mondes différents, ici c'est pareil, deux mondes, celui des bêtes et celui des humains. Et cette confrontation est vu à travers l'histoire d'un jeune garçon et d'une Bête, seule et grincheuse, mais forte, (très) forte. Le jeune garçon lui aussi est seul, et pour ça il déteste tout le monde, mais à cause de ça il veut devenir plus fort, (très) fort. C'est cette rencontre, entre un disciple et un maître, qui va transporter le film. (Qui est le disciple, et qui est le maître, n'est pas si évident, teasing)
A chaque fois aussi, les films de Hosoda symbolisent une philosophie aux choses, que ce soit avec les esprits, les animaux, le temps, sa relation avec ses parents ou « simplement » se comprendre soi. Ici aussi, on y a droit, et avec une densité assez particulière mais seulement voilà, c'est sur ce point que j'ai eu faim. D'un point de vue réalisateur, c'est une exécution fabuleuse, l'univers émerveille, les personnages sont attachants, identifiables et on comprend très bien leur quête et les obstacles auxquels ils font face, mais là où les thèmes foisonnent, le récit, lui, manque un peu de profondeur, on passe très (et peut être trop) vite l'évolution du garçon et de son maître, sa relation avec son père biologique est raide, les enfants d'Iouzan sont survolés, et pourtant, leurs rôles ont une importance cruciale dans le récit. Du coup, la seconde partie du dénouement est un peu fade, par manque d'enjeu ou de préparation peut être, mais ce dernier combat n’était pas intense, il était même prévisible, d'où le manque de symbiose entre le film dans sa globalité et cette séquence. Certes, le moto sur la solitude et le vide que l'on ressent intéresse, et la tournure me semble juste mais la démonstration n'a pas été percutante, loin de là.
A un moment, je me suis dit, il aurait dû faire une série, il aurait pu développer ci, puis ça. Mais peut être que son ambition a été respecté, et que ces points ne faisaient pas écho à son œuvre. Soit, peut-être et en ce sens, ce film a été excellent, mais au delà des émotions, de la relation entre le garçon et la bête et de la beauté des scènes et des combats, il m'a manqué un choc électrique, une claque comme La Traversée du Temps ou Les enfants loups, qui sont pour ma part des synthèses de ma vision de l'animation, des expériences inoubliables car singulières, surprenantes et terriblement bien menées. Des appels à transposer ses propres sentiments, ses propres expériences, à trouver une place dans un univers contenant juste ce qu’il faut de fantasme pour s’autoriser à y inclure son propre imaginaire. Le Garçon et la Bête est une oeuvre qui émerveille, intelligente et dense mais qui n'a pas su me passionner, à combler ce trou qu'il expose dès les premières minutes, et pourtant les ingrédients étaient là.