Revoici Mamoru Hosoda et son nouveau film, Le garçon et la Bête. J'ai aimé ses 3 films phares, pour différentes raison, Ame et Yuki puis La Traversée du temps m'avaient ému, Summer Wars m'avait mit une baffe visuelle avec son animation dans le fabuleux monde de Oz.
Et bien, Le Garçon et la Bête a réussi à faire les deux choses à la foie, quitte à s'y perdre à certains moments, en voulant trop bien faire, on a parfois l'impression de passer du coq à l’âne, là en l’occurrence de passer de l'humour et de la bonne humeur à son paroxysme à la dramaturgie, de manière assez brutale et un tantinet pas trop crédible, j'y reviendrais.
Le Garçon, dépourvu de repères familiaux, en proie à une profonde tristesse, décide donc de suivre la Bête jusque dans son monde, qui aspire à en devenir le seigneur, et il fera de lui son disciple et l’entraînera à l'art du combat et du sabre.
Hosoda reprend plusieurs thématiques de ses anciens films, l'éducation, l'intégration dans la différence, mais en aborde de nouvelles, l'abandon, le conflit intérieur, le combat contre ses propres démons, matérialisé pour ces trous noirs qui s'ouvrent dans le cœur, et qui ne cessent de revenir et de s'agrandir aux moments d'emportement, de haine ou de colère. Du coup je suivrais avec attention son évolution et ses prochains films, voici un réalisateur qui sait se renouveler, et s'améliorer.
S'améliorer sur certains points oui car visuellement, on atteint surement le sommet de sa filmographie, le film est superbe, admirablement bien animé. Plus de défauts de visuel comme j'avais pu en trouver dans La traversée du temps, notamment au niveau des traits du visage des personnages, toujours aussi épurés, mais plus fins. Ce n'est pas aussi déjanté que ce qu'on a pu voir -et apprécier !- dans Summer Wars, mais c'est tout aussi magnifique. Le design sobre de Ame et Yuki est oublié, ici ça envoie plein les mirettes, notamment lors des scènes d'action de la deuxième partie, magnifiques.
La relation entre Le garçon et la Bête sort des clichés habituels d'un étudiant et de son mentor, puisque la Bête est un piètre enseignant, sujet aux sautes d'humeur, et la cohabitation ne sera pas facile tous les jours. La Bête est un personnage haut en couleur, vraiment drôle par ses répliques mais aussi son caractère et ses expressions faciales quand le Garçon est un personnage tout aussi colérique mais plus taciturne. La dualité entre les deux personnages fonctionne admirablement bien, en tout cas pour moi elle a fonctionné, et j'ai vraiment ressenti leurs liens du cœur.
Seul reproche que je pourrais faire au film, c'est qu'il s'opère une très nette coupure vers la moitié du film, la première partie était pleine de joie et d'humour, quand la deuxième bascule d'un coup vers la mélancolie et le drame. Du coup j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver, surtout dans le caractère de la Bête, qui change complètement. La transition est un peu trop brutale à mon gout et la relation entre le Garçon et son père aurait gagné à être un peu plus épaissi, et mieux écrite, et plus dramatique... Je veux pas spoiler mais disons que le Garçon n'a pas vraiment l'air très ému des retrouvailles, et vice versa. Cela dit le film reste très émouvant, car sincère et transporté par l'amour de son réalisateur pour son art.
Curieusement, c'est dans la seconde partie du film qu'on a les meilleurs scènes "d'action" et d'animation.
L'ost, sans être complètement inoubliable, est surement sa meilleur et sa plus régulière pour ma part, et surtout inclus quelques morceaux bien épiques qui s'intègrent parfaitement aux scènes.
Je vous le recommande chaudement, c'est un avis à chaud j'aurai beaucoup d'autres choses à redire, je le regarderais plus tard en DVD avec plaisir, donc c'était juste pour vous le conseiller !
A la fin du film tout le monde (c'est à dire 10 spectateurs, petite salle diffusant surtout des films indépendants) est resté pour regarder le générique et la musique de fin, généralement signe d'un film réussi.
Me concernant, il l'est clairement, réussi.
(Ah et je l'ai vu en VF, mais elle est très bien donc si vous n'avez pas le choix n'y allez pas à reculons)