Hayao Miyasaki revient enfin avec un nouveau long-métrage d’animation et il a su se faire attendre. Sachant que le dernier qu’il a réalisé était « Le Vent se lève » en 2013, le voir revenir à la réalisation d’un long-métrage de son studio en 2023 est un véritable cadeau pour ses fans. La bande-annonce vendait du rêve avec une animation sublime et un univers magnifique mais est-ce à la hauteur de nos attentes ? Et bien, même si ce n’est pas le plus beau de tous les films d’animation d’Hayao Miyazaki, c’est tout de même un très bon long-métrage qui vaut tout de même le coup. En vrai, les véritables reproches qu’on peut faire sont pointilleux cette fois.
Mahito est un jeune garçon qui s'apprête à vivre avec sa nouvelle maman et son père mais il a du mal à accepter sa nouvelle mère depuis la mort de sa vraie mère dans un terrible incendie. Il rencontre alors un héron étrange qui lui propose de le suivre afin de pouvoir la retrouver. Que va t-il découvrir si il le suit ?
Positif
- Mahito (Soma Santoki) est un jeune homme renfermé qui a du mal à s’ouvrir aux autres depuis que sa mère est morte dans un incendie. Aujourd’hui, il essaye de rester solitaire malgré les efforts de sa nouvelle mère et il aimerait comprendre ce qu’est ce héron et ce qu’il veut réellement. Un protagoniste attachant dont on comprend l’attachement qu’il avait envers sa vraie mère et l’espoir qu’il a de la retrouver dans cet autre monde. Après, il agit d’une certaine manière mais sans être détestable, son coté renfermé à tous se comprend totalement, tout comme son absence permanente de sourire.
- Héron gris (Masaki Suda) est un oiseau qui poursuit Mahito afin de le guider dans un autre monde. Un oiseau intriguant qui fonctionne bien avec le personnage de Mahito (y compris dans ce que ça raconte) et qui a son rôle à jouer dans cette histoire.
- Himi (Aimyon) est la jeune fille du feu de cet autre monde et elle essaye de protéger les petits être fragiles des oiseaux qui cherchent à les manger. Une jeune fille assez attachante avec de bonnes intentions.
- Natsuko (Yoshino Kimura) est la belle-mère de Mahito et elle fait de son mieux pour se faire accepter par celui-ci tout en attendant un nouvel enfant avec Schoichi. C’est une femme très attachante dans sa personnalité, encore heureux qu’elle ne soit pas sur un enfant trop difficile.
- Shoichi (Takuya Kimura) est le père de Mahito et il cherche à protéger son fils avec sa nouvelle femme de tous les dangers possibles. Un papa un peu surprotecteur mais pas mal pris par le boulot dont la personnalité est justifiée depuis la mort de son ancienne femme.
- Mahito est le personnage qui évolue le plus ici. Lui qui était renfermé et ne voulait pas accepter cette nouvelle situation en temps de guerre, il change au fur et à mesure pour devenir un peu plus ouvert et aller de l’avant avec sa nouvelle maman. C’est réellement une belle évolution ici. Les autres n’évoluent pas vraiment, à part peut-être Natsuko qui avait peur de ne pas être à la hauteur de la vraie mère de Mahito mais c’est tout.
- Certaines relations se créaient et évoluent de manière assez intéressantes. On a le héron et Mahito qui se méfient et ne se supportent pas au début mais vont finir par s’apprécier un peu, Mahito et Natsuko qu’il va finir par accepter (ça se voyait un peu venir mais ça reste bien fait) ou encore Himi et Mahito qui ont une relation amicale assez mignonne qui se développe un peu.
- En terme de symbolisme, il y a pas mal d’éléments intéressants. On a ce que représente Natsuko et la maman de Mahito pour celui-ci, ce nouveau monde pour lui, le « dieu » de ce monde et ses intentions liées à Hayao Miyazaki… Bref, il y a réellement des idées de symbolisme qui fonctionnent bien ici.
- L’animation est sublime. Même pour 2023, l’animation des studios Ghiblis restent de toute beauté tout en gardant cette animation traditionnelle qu’on aime dans toute cette filmographie. Sincèrement, chaque plan de ce long-métrage est un régal visuel en terme d’animation.
- On a des références assez sympathiques comme la manière dont se fait emporter Himi par les perruches qui ne sera pas sans rappeler un certain conte. Mais bon, les références sont légères mais plutôt sympathiques dans la narration quand on fait attention.
- Le doublage VO est d’une très bonne qualité. Sincèrement, tous les comédiens et comédiennes de doublages (VO) arrivent à s’investir comme il se doit dans leurs rôles et à nous convaincre sans trop de difficulté.
- La mise en scène est toujours aussi sublime. Quelle que soit la scène qu’on y voit, on sent que la mise en scène a été soignée sur tous les points. En terme de mise en scène, ce long-métrage est réellement excellent.
- Question tension, il faut reconnaître qu’elle arrive à être un petit peu efficace. Sans être excellente, il y a des moments où on arrive à avoir un peu peur pour certains personnages de ce long-métrage.
- Il y a une assez bonne intrigue sur ce héron et sur ce qu’il veut réellement. Même quand Mahito arrive dans cet autre monde, on arrive à se demander ce qui se passe et pourquoi il est véritablement arrivé ici.
- L’univers qui nous est proposé ici est visuellement très beau mais aussi très intéressant par rapport à son créateur et ce que ça raconte. Franchement, c’est un univers qui arrive très bien à nous faire rêver.
- La fin peut sembler simple mais elle est très efficace. En vérité, quand on voit cette fin, on voit que Mahito a bien évolué et qu’il aura des meilleurs jours avec sa famille, ce qui est vraiment beau à voir.
- Les musiques sont magnifiques. Quel que soit la musique qu’on entend, ce sont des musiques de toute beauté qui sont un régal auditif et qui collent magnifiquement avec ce qui se passe à l’image.
- Les décors sont de toute beauté. Quel que soit le lieu qu’on explore, on y suit des décors de très bonne qualité, à tel point qu’on a envie d’en voir encore plus que ce qu’on nous propose.
- On arrive à être surpris par ce qui se passe à l’écran. Entre ce nouveau monde et quelques évènements, il y a de quoi être surpris par certains éléments de ce long-métrage.
Négatif
- Parlons de l’émotion de ce long-métrage. En général, un Hayao Miyazaki arrive à être très touchant par ce que ça propose, mais pas ici. Non pas qu’on est pas touché par ce qui se passe mais l’émotion est loin d’être aussi bonne que dans les précédents long-métrages du même réalisateur. De plus, quand Mahito retrouve une certaine personne, il ne semble pas avoir de réaction émotionnelle, pourquoi ? Sachant qu’on parle d’une personne à laquelle il tenait énormément, c’est tout de même bizarre qu’il ne montre aucune émotion.
- Même si l’humour réussit à être drôle de temps en temps, on ne peut pas nier que certains moments nous sortent un petit peu du film. En vrai, ce sont surtout les grands-mères qui nous font ça, des blagues à tout va qui sont drôles mais nous sortent un petit peu du film. Mais bon, elles restent tout de même assez attachantes malgré tout, même si il y en a peut-être un petit peu trop…
- Mine de rien, Mahito va mettre beaucoup de temps avant d’arriver dans l’autre monde. Il va vous falloir compter près de d’une heure de film avant qu’il n’y aille. Ce n’est pas grave en soi vu qu’il faut le temps d’installer la situation de Mahito et qu’on comprenne ce qu’il ressent mais ça fait quand même pas mal de temps.
- Un détail qui est un petit peu étrange, pourquoi Mahito retourne dans sa chambre à pattes à reculons ? Il aurait pu retourner dans sa chambre à pattes en marche avant non ? Mais bon, c’est juste un détail qui perturbe légèrement ici.
- Comme il a été dit, on a trop de grand-mères dans ce long-métrage. C’est un détail mais avoir autant de personnages dans la maison de Natsuko, c’est peut-être de trop. On aurait du en garder deux, ça aurait largement suffi.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Le héron est en vérité un homme avec un très gros nez (peut-être inspiré de Waluigi) qui chercher Mahito pour l’emmener au créateur de son monde, comme celui-ci le souhaite, afin de faire de lui le nouveau créateur d’un nouvel univers. En vrai, on y voit une métaphore d’Hayao Miyazaki là. Si on part du principe qu’il est le créateur de ce monde (et des studios Ghiblis) et que ces cubes emboîtés sont ses nombreux long-métrages, il cherche un héritier pour reprendre son studio et son art. Peut-être n’est ce pas cela mais, si c’est le cas, c’est réellement une belle métaphore et un beau message du réalisateur.
Est-ce que Natsuko refuse de rentrer non pas parce qu’elle va accoucher mais plutôt parce que Mahito n’arrive pas à l’accepter en tant que nouvelle maman ? Peut-être. Mais l’équilibre de ce monde étant fragilisé puis détruit, il valait mieux qu’il rentre avec celle qu’il considère maintenant comme sa maman, même si les adieux avec sa vraie mère (Himi en plus jeune) auraient pu être un peu plus touchants que ça.
Au final, ce nouveau film d’animation d’Hayao Miyazaki vaut le coup de le voir au cinéma, même si il ne vaut pas certains de ses précédents long-métrages. Mais, même sans être son meilleur, ça reste un film très travaillé avec un très beau message d’Hayao Miyazaki. On a une mise en scène magnifique, des décors de toute beauté, une animation très soignée, des personnages très intéressants, un univers sublime et du symbolisme très travaillé. Après, il est vrai que ça manque un peu d’émotion, que l’autre monde n’arrive pas avant un certain temps et que l’humour était un petit peu dispensable. Malgré tout, c’est un beau long-métrage qui nous a été livré ici alors autant en profiter pour le voir au cinéma pour mieux profiter de ses meilleurs aspects.