Le Garçon et le Héron
6.9
Le Garçon et le Héron

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2023)

Je suis passée à côté et je ne comprends pas pourquoi.

Ayant attendu longtemps avant de pouvoir profiter à nouveau d’un chef-œuvre signé Miyazaki, j’étais extrêmement impatiente les semaines précédent la sortie du film.

J’avais décidé de faire comme au Japon pour garder la surprise. Je n’avais lu aucun synopsis et n’avait vu aucune bande-annonce. Je voulais que ça soit la surprise totale.

Fondamentalement, je ne peux pas dire que ça n’a pas été le cas. J’ai été surprise, car je ne m’attendais pas à ce genre de propos.

Enfin, si le propos que j’ai cru comprendre est le « bon » même si je pense que chacun a son interprétation et que rien n’est vrai ni faux.

Je vais tenter d’expliquer pourquoi je ne mets que 5 à ce film, il est n’est pas mauvais, mais n’est pas excellant non plus.

Premièrement, j’ai adoré (sans surprise) les décors et la bande son. Tout est approprié, tout est à sa place, les couleurs sont magnifiques, les jeux de lumières sont splendides, et l’animation n’a jamais été aussi belle.

Les OST sont justes fous, je redécouvre vraiment cette magie que j’avais laissée lors de la dernière sortie d’un ghibli.

Pour moi, ces points sont vraiment les points forts du long-métrage. D’un autre côté, c’est du ghibli, alors on ne s’attendait pas à moins pour être honnête.

Arrive le point central à savoir, l’histoire, bien évidement.

L’intrigue est assez « bancale » ou du moins, « confuse ». Toujours selon moi, le spectateur est vite perdu entre les sous-intrigues. Passant de la perte d’un être cher durant la guerre, au deuil, à la rencontre et au changement de vie avec une belle-mère plus que présente.

En commençant le film, je pensais regarder une histoire portée sur la guerre dans le même esprit que le tombeau des lucioles saupoudrée du voyage de chihiro (pour m’exprimer grossièrement). Alors que non, absolument pas.

Très vite (enfin, façon de parler car le film met bien une heure avant de « réellement » commencer), le film se délocalise et ce, sans interruption à partir du moment où Mahito pénètre dans la tour.

Et c’est là que je suis perdue, je ne sais plus quoi en penser à partir de ce moment-là.

Le reste est totalement fantastique et « hors du temps », c’est le cas de le dire.

Pour être plus précise je me permets de spolier quelque peu :

On retrouve Kiriko, la petite mamie qui ferait tout pour un paquet de cigarettes et qui malgré elle, se voit embarquée dans l’aventure. Sauf qu’on ne la voit pas à proprement parlé. Seulement une version plus jeune d’elle, qui s’occupe de nourrir « les âmes » du monde d’en dessous. Premier point qui ne sera jamais expliqué. Est-ce vraiment la mamie Kiriko du début ?

Si oui, comment connaît-elle les autres mamies ? (sculptées pour protéger Mahito —-> de quoi d’ailleurs ?) Comment se fait-il qu’elle agisse dans son intérêt, alors qu’elle n’est pas censée le connaître à cette époque. Et finalement qu’elle était son rôle, si ce n’est, guider Mahito au prochain endroit ?

Est-ce là un bête ressort scénariste qui introduit juste son lot de marchandises (coucou les warawara), ou a-t-elle une vraie importance ?

J’ai encore du mal à trouver laquelle des réponses est juste.

Le deuxième point qui reste assez flou, concerne plusieurs personnages, alors je vais formuler cela en une seule question : Quelles sont les règles qui régissent le monde d’en dessous ?

À cela s’ajoute des questions sous-jacentes :

-Pourquoi Himi (la mère de Mahito) ne peut pas entrer dans la salle d’accouchement ?

-Pourquoi les perruches « respectent » les femmes enceintes ?

-Pourquoi les pélicans et les perruches n’ont pas le même statut social ?

-Pourquoi n’y a-t-il plus d’humains dans ce monde ? Y’en a-t-il déjà eu d’ailleurs ?

-D’où viennent les pouvoirs du grand oncle, pourquoi n’a-t-il jamais donné signes de vie ?

-Comment se fait-il que Himi soit dans le monde d’en dessous ? Cela voudrait-il dire qu’il a remonté le temps jusqu’à la période, ou à l’année, où sa mère était introuvable ? Et si oui, pourquoi sa mère le connaît ?

-Pourquoi Natsuko est emmenée/allée dans ce monde ?

-Quel but poursuit le héron ?

Et je pense que je pourrais continuer la liste encore un moment…

Tout cela pour souligner que l’intrigue est un gros point d’interrogation dans ma tête.

Je ne sais pas si l’on a voulu me parler d’un jeune garçon et de son trauma de guerre, qui décide finalement de sauver sa belle-mère, et retrouve le bonheur en formant une nouvelle famille. Ou bien alors, la lassitude et l’ennui que provoque un changement de vie avec lequel nous ne sommes pas en accord, mais qui finalement, ne s’avère être pas si mal et que nous devons tout faire pour le protéger, car la vie est plus fragile que tout (référence aux cubes qui s’écroulent et qui font écrouler le monde d’en dessous) ?

Peut être est-ce tout cela à la fois. En soi, je n’ai pas de soucis avec les scénarios qui ne nous prennent pas par la main pour comprendre le sous-texte. Chacun y voit ce qu’il veut y voir. Ce qui ne me plaît vraiment pas, c’est l’exécution du scénario qui, pour le coup, part dans tout les sens, mais ne va nulle part.

Dernier point qui m’a beaucoup surprise, la fin.

Une fin, c’est toujours compliqué. Sauf chez ghibli, il est rare que je n’ai pas apprécié l’une de ses fins.

Ici encore, fait exception. Ce n’est pas que je n’ai pas aimé, mais je l’ai trouvée très abrupte.

Ils reviennent dans leur monde par le biais d’une porte magique (pourquoi pas), et tout est bien qui finit bien. La dernière scène nous montre juste Mahito qui dit « nous sommes deux ans après les événements qui se sont produits » FIN.

Je ne m’attendais pas à ça. Pas même de petit fondu enchaîné, rien du tout. C’était juste fini.

J’étais à la fois contente que ça se finisse et à la fois triste, car je n’aurais jamais les réponses à mes questions.

La fin est arrivée comme un cheveu sur la soupe et l’on constate amèrement qu’aucun personnage n’a eu de développement.

Alors oui, Mahito a appris à aimer sa tante comme une mère, mais on ne sait pas pourquoi. Aucun événement en particulier ne nous a fait les voir se rapprocher ni même s’apprivoiser. Un ou deux moments tout au plus.

Natsuko est absente pendant la moitié du film pendant que le garçon est à sa recherche, et la première partie du film, montre une jeune femme bienveillante quoique un peu envahissante mais c’est tout.

Le père est un peu à côté de ses pompes, mais encore une fois, sympathique. Enfin, les mamies n’ont pas de réelle importance si ce n’est l’aspect comique.

Ce qui fait que je ne me suis pas attachée aux personnages, j’ai eu beaucoup d’empathie pour Mahito au début de l’histoire, quand on voit ses traumatismes de guerre et la perte de sa maman, mais c’est tout.

Les personnages ne sont pas vraiment travaillés et sont pour la plupart à peine survolés.

Pour ces raisons, je finis cette critique, de la même manière que je l’ai commencé :

Je suis passée à côté et je ne comprends pas pourquoi.
Hanadolce
5
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Créée

le 16 janv. 2024

Critique lue 43 fois

1 j'aime

Hanadolce

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