Miyazaki méga-classique avec ce monde étrange qui bascule dans un voyage fantastique où un enfant suit une quête qui l'amène à faire des rencontres drôles, émouvantes voire effrayantes sur du piano de Joe Hisaichi.
Ici, la métaphore du voyage est plus claire que parfois mais pas moins riche : l'acceptation par un enfant du deuil de sa mère et de l'arrivée de sa belle-mère dans la famille. Drôle, inventif et émouvant mais surtout beau, tellement beau, peut-être le plus beaux des Ghibli avec ces arrières-plans impressionnistes qui basculent cette fois presque dans le symbolisme voire l'abstrait au fur et à mesure que l'Île des Morts d'Arnold Böcklin devient une peinture du cosmos et de réalités qui se fragmentent. Les couleurs vibrent et que dire de l'animation? Plus physique que jamais, on sent le vent qui gonfle les voiles et les vêtements, les chairs qui se poussent ou se coupent, les wara wara qui flottent...
Un très beau film qui manque peut-être un tout petit peu de cohérence dans son propre univers : les règles ne sont expliquées qu'une fois, au moment où elles interviennent pour ne plus revenir ensuite (la plume magique, les poupées grand-mères, les talismans, les perruches anthropohages..) du coup on est moins dans un univers magique, plus dans une dimension métaphorique. Chipotage terminé, grand film encore.