Maurice Pialat sort en 1995, année des classiques américians comme Seven, Toy Story, Heat ou Casino son dernier film, Le Garçu. Connu auparavent pour, À nos amours, Nous ne vieillirons pas ensemble et mon préféré La Maison des bois; Pialat s'inscrit dans ses oeuvres dans une démarche entre le réalisme et le naturalisme. Mêlant à la fois des acteurs amateurs et professionnels, mêlant son histoire personnelle à la fiction... . Le cinéma a peut-être trouvé un des plus grands poètes.
Serge Toubiana disait que Pialat était un des seuls réalisateurs qui n'avait raté aucun film, pourtant aux vues des dire que j'entendais, je m'attendais à un Pialat médiocre ou alors mineure. Néanmoins ma surprise fut grande lors de mon visionnage, les bruits que j'entendais se sont avérés faux. Pialat dans ce film retrace l'ensemble des thèmes qui lui sont chères. Exposant la difficulté des relations amoureuses, d'être parents, de faire face à la mort, de la découverte de la vie par l'enfant... Il aborde ce premier thème en décidant de séparer par le cadre de la caméra le couple dans les moments de calme et de les rassembler dans les embrouilles amoureuses (cette analyse se fait avant la mort du père de Gérard). Par ce choix de séparation, le spectateur ressent implicitement l'idée que le couple n'arrivera jamais à trouver une stabilité commune et un réel calme dans leur relation.
Les choix musicaux du film rejoignent selon moi l'idée que Maurice Jaubert - compositeur de films qui a notamment travaillé sur Quai Des Brumes de Marcel Carné - se faisait de la musique de film. Il explique que la musique dans un film ne doit pas faire que doubler l'action, elle ne doit pas être secondaire, mais elle doit être aussi importante que le décor ou le choix des acteurs. Elle permet un langage. Ici, la musique joue sur deux dimensions, une mélancolique et une tragique. La dimension mélancolique se trouve au départ de l'île Maurice de Gérard, à la suite d'une crise de jalousie de sa part. Sophie se retrouve alors seule avec son fils, nous la voyons traverser les champs et la ville mauricienne. Si la musique eût été absente de cette balade, l'aspect mélancolique de la scène aurait été moins pregnant pour le spectateur. Le choix de Is this Love de Bob Marley est de surcroît judicieux par rapport au contexte. D'un côté les paroles "I wanna love you and treat you right", et de l'autre le rythme joyeux, synonyme d'espérance dans l'avenir, permettent de comprendre que les paroles de Bob Marley s'apparente à la volonté de Sophie vis-à-vis de sa relation avec Gérard. Elle l'explique d'ailleurs elle-même par la suite qu'elle aurait aimé que Gérard la traite comme Jeannot le fait. La dimension tragique de la musique se trouve dans la scène de danse lors d'une soirée. Gérard ne fait que regarder les autres femmes danser, ne fait que de parler d'elles, le rythme effréné de The Rythm of the Night ne fait qu'annoncer le calme avant la tempête ou plutot la tempête avant le calme, avant Many Rivers To Cross. Musique sur laquelle Sophie partage son premier moment, sa première danse avec Jeannot, son futur amant. Pendant que Gérard, lui part avec sa maitresse. Cette musique fatale montre que Sophie trouvera son futur dans la tendresse de Jeannot, et que celui de Gérard se trouvera avec ses maitresses, il suit sa phrase "Rien que baiser, pas de sentiments".
Cependant, le père de Gérard décéde. Sophie décide d'accompagner Gérard dans cette épreuve. Les deux se retrouvent dans cette épreuve. Le calme, la tendresse, l'amour refont ou plutôt font surface, ils sont unis dans le même cadre. Le décor, lorsque que Gérard raconte son histoire et celle de son père, dit Le Garçu, s'apparante d'ailleurs à des tableaux impressionnites, des scènes remplies de mélancolie font alors surfaces. Gérard dit suite à cet enterrement "Hier on était en vie tous les deux". Toutefois, la mort ne suffira pas à régler tous les problèmes du couple, le film concluant sur les larmes de Sophie.