"Le Garçu" est un Pialat formellement brillant : la simplicité de la narration, l'efficacité absolue de la mise en scène dépouillée de toute afféterie sont, on le sait, des caractéristiques (admirables) assez communes aux films de "maturité" des grands cinéastes désormais en pleine possession de leurs moyens. Pourtant, "le Garçu" surprend un peu par son aspect très "soft" par rapport aux œuvres passées du maître. Est-ce là la conséquence d'un sujet totalement personnel, cette fois non dissimulé derrière une fiction "de genre" (le polar, la biographie en costumes, l'adaptation littéraire...) ? Ou bien est-ce plutôt la volonté de Pialat de passer une sorte de message de bienveillance, de réconciliation aux personnes qui ont compté, qui comptent dans sa vie ? En tout cas jamais l'un de ses films n'a autant respiré une telle acceptation de la vie, de l'amour, de la beauté simple des choses du couple et de la famille (... même si le fameux "garçu", sorte de père indigne, est comme souvent chez Pialat, représenté comme un "sacré connard" !). Il y a quelque chose ici du "Journal Intime" de Moretti, tant on retrouve des interrogations simples sur les aspects les plus fondamentaux de la vie, filmés avec une grande légèreté. C'est un plaisir différent de ceux auxquels Pialat nous avait habitué, c'est un plaisir quand même. [Critique écrite en 1995, complétée en 2016]