Au XIXe siècle un village et partagé entre deux clans. A la tête de chacun un coq fort en gueule, cruel et poltron. Sanjuro ,interprété par Toshirô Mifune, un rônin, arrive là par hasard. Il va d'abord se trouver une place chez l'aubergiste, isolé du reste de la basse-cour (des bas-fonds?). Est-ce un hasard s'il ne voit le village qu'à travers les planches de sa cabane?
Il va vite comprendre qu'il peut se faire là un max de blé. Chez ces villageois bas et patibulaires il va manœuvrer habilement pour extorquer un fort salaire. Prudent, il va prendre soin de ne pas toucher aux poules, parquées chez l'un des coqs et semblera un long moment jouer le clan le plus fort pour son unique profit. J'avouerai cependant que mon compte-rendu rend mal jusqu'ici le charisme de Toshirô Mifune. Grossier, effronté, glouton, il transcende tous les plans où il apparaît. Des plans qui sont construits avec le plus grand soin, comme toujours chez Kurosawa. Les enchaînements sont eux aussi particulièrement bien étudiés. Pluie battante pour le style, pluie de grains sortis des sacs crevés ensuite, pluie du saké sorti des tonneaux percés enfin.
L'arrivée du fourbe Unasuke, un véritable serpent, armé en guise de venin d'un pistolet, interprété par le grand Tatsuya Nakadai, viendra rompre l'équilibre précaire entre les clans. Au détour d'une scène anodine, on s'aperçoit incidemment que Sanjuro n'est là que pour faire le bien, quand il libère la nuit la femme emprisonnée, la rend à son époux et à leur fils et donne ensuite tout son argent à cette famille pour assurer leur fuite. En récompense pour cette bonne action il sera tabassé et laissé pour le compte défiguré et immobilisé. Pendant sa convalescence Sanjuro aura tout le temps de méditer sa vengeance et se demandera s'il va l'oser. Et il va l'oser !
Ce penseur de rônin réapparaîtra tel un spectre pour le combat final dans la rue déserte, à un contre dix; et qui sera le plus rapide de Sanjuro et son couteau ou de Unasuke avec son venin?
Suspense, violence, plans travaillés, réflexion sur la société....Immense respect pour la caméra de Kurosawa !