D'abord, "Yojimbo" permet de satisfaire une vieille curiosité : voir par soi-même ce que Leone a purement et simplement recopié pour réaliser "Une Poignée de Dollars". Mais on se retrouve rapidement envoûtés par l'atmosphère très noire du film, d'abord parce que Hammett et sa "Moisson Rouge" ont clairement influencé Kurosawa, mais aussi parce que son obsession pour la Mort et sa vision très shapespearienne d'un affrontement permanent entre le Mal et le Mal (donc très loin du manichéisme occidental moderne) y sont encore plus visibles qu'ailleurs. Chorégraphie sublime du chaos, jets de peinture sur une toile van goghienne pour représenter des corps en souffrance, en train de mourir, Kurosawa n'est pas loin ici du triomphe artistique des "Sept Samouraï", si ce n'était une perpétuelle bouffonnerie qui vient nous rappeler que si l'humanité est horrible, elle est aussi ridicule. Finalement, une question : est-ce moi, ou bien Toshirô Mifune est-il encore meilleur dans "Yojimbo" qu'à son habitude ? [Critique écrite en 2006]