Sorti durant un été 2003 riche en blockbusters, Le Gardien du Manuscrit Sacré est pour le moins passé inaperçu. Aujourd'hui encore, on redécouvre ce nanar en puissance où l'on peut admirer l'une des plus hasardeuses entrées américaines de stars asiatiques. Car si on avait déjà pu voir Chow Yun-Fat dans des productions U.S. plutôt sympathiques (Un Tueur pour cible, Le Corrupteur ou encore Anna et le Roi), cette nouvelle escapade s'avère en revanche incroyablement burlesque. Fort du succès mondial de l'acclamé Tigre & Dragon, l'acteur chinois s'est dit : « Une production américaine, chic alors ! Pas besoin de lire le scénario, ça sera un succès de toute façon. Non parce qu'ils sont trop forts ces Américains ! ». Mais qu'as-tu fait Chow ?
Il incarne donc un moine sans nom, immortel de surcroit, qui est depuis 60 ans à la recherche de son successeur capable de conserver à son tour un manuscrit sacré. Il le découvre finalement aux États-Unis en la personne de Kar, un pickpocket fan de films d'arts martiaux qui va se révéler être l'élu de la prophétie. Mais de dangereux bandits sont à leur poursuite et vont retourner la ville pour retrouver le fameux manuscrit. Un scénario comme celui-là n'inspire pas forcément confiance mais peut fortement divertir en mélangeant habilement chinoiseries et fantastique comme ce fut le cas pour Golden Child ou encore Les Aventures de Jack Burton. Mais n'est pas John Carpenter qui veut et le réalisateur de clips Paul Hunter (dont ça restera l'unique film) s'avère être un tâcheron incapable de proposer un long-métrage un tant soit peu divertissant.
Séquences d'action mal cadrées, dialogues philosophiques d'une débilité agaçante, humour au ras des pâquerettes, interprétation ringarde (Seann William Scott aux côtés de Chow Yun-Fat, on aura tout vu), rythme en dents de scie... Le Gardien du Manuscrit Sacré est aussi moche sur l'affiche que sur l'écran et rien, aucune scène, ne viendra nous faire monter l'adrénaline. Honnêtement, on y croyait, même après cette vomitive séquence d'ouverture sous fond vert mais rien n'y fait : la sauce ne prend jamais et on a plus l'impression de supporter le film que de le regarder. Au final trop vulgaire pour les enfants, trop crétin pour les adultes et surtout trop sérieux pour être un nanar, Le Gardien du Manuscrit Sacré est tout simplement un ratage que l'on oubliera très rapidement.