Le côté du cœur, la main du diable

Avec Le Gaucher, Arthur Penn - qui connaîtra plus tard des succès retentissants avec La Poursuite impitoyable (1966), Bonnie et Clyde (1967) ou encore Little Big Man (1970) - ne passe pas loin de signer un coup de maître pour son coup d'essai. Le thème de son premier long-métrage, adapté d'une pièce de théâtre de Gore Vidal, est classique, puisqu'il s'agit une nouvelle variation sur l'un des personnages emblématiques de l'histoire américaine : Billy le Kid. Mais, bien que dépossédé de tout contrôle sur son film à partir du montage, son résultat final s'avère particulièrement concluant.


Le film relate, de façon assez proche de ce que l'on considère comme la vérité historique vraisemblable, les dernières années de la brève vie de William Bonney et son rôle dans la guerre du bétail du comté de Lincoln : la rencontre avec l'éleveur John Tunstall, qui le prendra sous son aile et deviendra comme un père de substitution ; l'assassinat de ce dernier par un groupe mené par le shérif véreux William Brady ; le meurtre de ce dernier et d'un de ses complices ; la fuite d'une maison en flammes dans laquelle il sera sérieusement blessé et brûlé ; le rejet de l'amnistie proclamée par le gouverneur général du territoire du Nouveau-Mexique ; la rencontre avec Pat Garrett avec qui il se lie d'amitié ; les meurtres des deux autres assassins de Tunstall ; l'arrestation et la spectaculaire évasion de la prison de Lincoln ; et enfin la mort, donnée par le pistolet de Garrett.


Habilement mis en scène et filmé, The Left-Handed Gun offre une vision plus sérieuse et plus sombre du destin de Billy le Kid que l'insipide Le Réfractaire (David Miller, 1941), et moins mélancolique que le crépusculaire Pat Garrett & Billy le Kid (Sam Peckinpah, 1973). Paul Newman, qui y tient l'un de ses premiers grands rôles, livre une composition très particulière de ce personnage mythique, constamment tiraillé entre des comportements adulte et enfantin, entre la mélancolie et le rire, la violence et la douceur, la colère et la séduction. Dans la droite ligne de sa formation à l'Actors Studio, il rend le personnage du Kid à la fois touchant et inquiétant, et au final très juste, malgré la petite quinzaine d'années d'écart avec le rôle. Grâce à lui, mais aussi au reste du casting emmené par le très bon John Dehner en Pat Garrett, Le Gaucher se révèle un western assez captivant, parfois un tantinet bancal, mais globalement très réussi.

Créée

le 7 févr. 2017

Critique lue 568 fois

4 j'aime

2 commentaires

The Maz

Écrit par

Critique lue 568 fois

4
2

D'autres avis sur Le Gaucher

Le Gaucher
Docteur_Jivago
8

Les gamins en folies

Alors qu'un cow-boy, William "Billy the Kid" Bonney semble errer dans le désert, c'est à ce moment-là qu'il rencontre un éleveur anglais qui va lui proposer un boulot et le traiter comme son égal...

le 19 févr. 2015

28 j'aime

6

Le Gaucher
guyness
8

L'arme à gauche pour une âme gauche

Ce gamin n'y voyait pas à mal. William Bonney est un jeune cow-boy un brun idéaliste, sans doute plein de bonne volonté et soucieux de faire oublier son passé ombrageux. L'introduction du film est en...

le 31 juil. 2011

22 j'aime

11

Le Gaucher
Ugly
7

Le Far West psychologique

Le Gaucher est une sorte d'anti-western, une étude presque psychanalytique du personnage de William Bonney dit Billy the Kid ; au diable l'épopée et l'imagerie du Far West triomphant, le Billy...

Par

le 3 oct. 2018

17 j'aime

17

Du même critique

La Tour sombre
mazthemaz
5

Une petite bafou-bafouilleu...

Étonnant... Je viens de voir ce film qui s'intitule La Tour sombre, mais qui n'a rien à voir avec l'excellentissime série de romans de Stephen King... Et pourtant, j'ai bien cru voir le nom de...

le 18 oct. 2017

27 j'aime

6

La Main au collet
mazthemaz
7

Copycat

La Main au collet est la preuve indiscutable qu'autrefois, la Côte d'Azur n'était pas bétonnée... Qui l'eut cru ? Tourné durant l'été 1954, le vingtième film américain d'Alfred Hitchcock, qui s'ouvre...

le 3 mai 2017

26 j'aime

12

Une femme disparaît
mazthemaz
8

Le Maître du suspense... comique !

Un film qu'on pourrait qualifier de jeunesse, bien qu'Alfred Hitchcock eut alors près de 40 ans, tournât son seizième long-métrage parlant et s'apprêtât à quitter son île natale pour les États-Unis...

le 4 avr. 2017

25 j'aime

10