Le Gendarme en balade par pierrick_D_

Les gendarmes de la brigade de Saint-Tropez,jugés trop vieux et dépassés,sont mis à la retraite d'office.Cruchot,qui a atterri dans le château de sa richissime épouse Josépha,s'ennuie à mourir et déprime,regrettant le bon vieux temps des contraventions et de l'uniforme.A la faveur d'une visite de Gerber,son ex adjudant,il découvre que leur ancien collègue Fougasse est devenu amnésique à la suite d'un choc.Prenant cela pour prétexte,ils enlèvent le gars qui résidait dans une maison de repos,non sans avoir récupéré au passage le reste de la bande,soit Merlot,Tricart et Berlicot,et le ramènent à Saint-Tropez en espérant que ça lui rende la mémoire.Revêtant illégalement l'uniforme,ils vont foutre un bordel monstre au grand dam de leurs successeurs.Cette quatrième mouture des aventures improbables de cette fine équipe de pandores azuréens signe la fin d'une époque.Dernier film avec les membres d'origine de la brigade au complet,premier film sans Nicole,la fille de Cruchot,évacuée sans plus d'explication que son mariage,l'oeuvre manque tellement d'inspiration qu'il faudra attendre huit ans et "Le gendarme et les extra-terrestres" pour que la franchise soit réanimée.Visiblement on n'y croit plus,tout le monde semble au bout du rouleau,le scénario souffre d'une pauvreté d'écriture scandaleuse,les gags sont d'un sinistre achevé,les acteurs sont épuisés et la mise en scène ralentit au maximum des scènes déjà pas folichonnes afin d'étirer la pellicule pour atteindre le métrage nécessaire.Jean Girault,réalisateur-scénariste,et Jacques Vilfrid,scénariste-dialoguiste,sont encore aux manettes mais ne savent visiblement plus quoi inventer pour maintenir sous respiration artificielle leur série moribonde,et même la musique de Raymond Lefèvre n'a plus le tonus d'autrefois.Au fil de péripéties molles d'une imbécilité abrutissante,on assiste au naufrage total de ce qui ressemble au film de trop,même s'il y en aura deux autres.Mais les suivants seront différents en ce qu'ils tenteront,sans réussite d'ailleurs,de surfer sur des phénomènes de mode comme la féminisation de la gendarmerie ou l'engouement pour la SF au cinéma.Ici Girault et Vilfrid se contentent de capitaliser pathétiquement sur le référentiel et la répétition.Le début est plutôt pas mal avec les scènes du château,mais elles n'excèdent pas un quart d'heure.Les échanges d'une violence incroyable entre Cruchot et ses domestiques anglais,le curé tapeur qui vient réclamer de l'oseille,le palefrenier qui raconte de manière soporifique "Le petit chaperon rouge" ou le système de sécurité hi-tech dont sont victimes Gerber et sa femme,tout ça est très drôle mais le film s'arrête là.Après c'est le départ à Saint-Trop et le déluge de couillonnades en rafales.On nous ressert à peu près tout ce qu'on a vu dans les épisodes précédents et c'est reparti pour l'accident provoquant un embouteillage,avec le même automobiliste,pour les transparences pourries pendant les plans à l'intérieur des voitures,pour la traque aux nudistes,pour la bonne soeur en 2CV,pour les quiproquos à propos de la fidélité des gendarmes et de leurs femmes,le pire étant la longue séquence du musée privé de Cruchot et du film qu'il passe constitué d'extraits des opus précédents,carrément un résumé de la saga.Quant aux quelques nouveautés,elles sont si nulles et ineptes qu'on aurait pu s'en passer.La nouvelle brigade de Saint-Tropez n'est quasiment pas utilisée,à part lors d'une scène minable avec des moutons,l'amnésie de Fougasse est de toute évidence simulée,les hippies et l'irruption des épouses ne servent à rien et le fil narratif des gamins et de la roquette est d'une telle bêtise et si mal branlé que ça finit par faire pitié.Même Louis de Funès est aux fraises et tente de compenser le marasme ambiant en forçant son jeu sans résultat probant,tout comme le pauvre Michel Galabru,malheureusement rompu aux aléas de la comédie Z.Jean Lefebvre cabotine pitoyablement en faux amnésique alors que Christian Marin,Guy Grosso et Michel Modo font vaguement acte de présence sans enthousiasme particulier,ce qui se comprend.Ce sera l'ultime participation de Lefebvre et Marin à la série,ils seront remplacés pour les suites.Claude Gensac ne bénéficie pas d'autant de présence que dans le volet précédent et joue les utilités en compagnie de Nicole Vervil qui n'a de toute façon aucune présence même quand elle est à l'image.France Rumilly est de plus en plus piaillante et agaçante en religieuse timbrée mais elle a cette fois cédé le volant de la 2 chevaux à la jeune italienne transparente Sara Franchetti,coprod oblige.C'est elle qui interprétait la fille de Bourvil dans "Le mur de l'Atlantique" mais personne ne s'en souvient,ce qui est normal.Sympa par contre l'introduction d'une troisième nonne en la personne de l'excellente Dominique Davray qui impose son personnage en deux répliques en incarnant l'enrobée qui surgit et gueule "soyez correct!" à chaque fois que de Funès dit "elle est forte,celle-là!".Sinon on recycle dans les mêmes emplois que dans "Le gendarme se marie" Yves Vincent et René Berthier en officiers de gendarmerie et Yves Barsacq en chauffeur percuté tandis que Dominique Zardi tient son troisième rôle différent en trois films.Après un gendarme italien puis un français,il est ici un braconnier.Les bonnes scènes initiales sont animées par Paul Mercey en ecclésiastique intéressé,Paul Préboist en conteur léthargique et l'inconnu Chris Georgiadis,au physique baroque,en majordome bastonneur et agressif.