Monsieur Poirier semble souvent une sorte de concentré de personnages de Molière. Ses allures de Monsieur Jourdain et d'Harpagon notamment, certes en beaucoup moins bouffon, ne sont pas des réminiscences involontaires de la part des auteurs de la pièce éponyme Augier et Sandeau; mais, sans qu'on sache s'il s'agit du choix des auteurs ou de l'adaption de Pagnol- le sujet tient davantage de la comédie satirique ou de moeurs que de la farce.
A travers la promiscuité conflictuelle entre Monsieur Poirier et son gendre, Pagnol analyse, comme l'a souvent fait Balzac pour arriver au même constat, la relation entre les classes puissantes de la Restauration: la noblesse et la bourgeoisie. Poirier est ce bourgeois enrichi par le commerce, un parvenu avide d'honneurs monarchiques mais certainement un vulgaire; son gendre, l'aristocrate Gaston de Presles, est, lui, l'incarnation de cette noblesse oisive et endettée qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. Leur union de circonstances, marquée par l'incompréhension et un mépris réciproque, constitue l'intérêt majeur de cette comédie cruelle qui se détourne des effets faciles du vaudeville.
La mise en scène de Pagnol, qui ne sort guère des principes du théatre filmé, se contente de faire passer les personnages d'une pièce à l'autre.