Une époque hippique
Au moment où la Nouvelle Vague déploie ses ailes, "Le gentleman d'Epsom" est à l'opposé un bel exemple de cinéma de papa, sympathique mais un brin paresseux, passéiste voire légèrement...
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le 23 mai 2016
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C'est le genre de comédie dramatique (avec un côté accentué en comédie) bâtie et conçue pour et autour de Jean Gabin à une époque où il était dans sa 3ème partie de carrière, celle que j'aime le mieux, avec de nombreux succès populaires comme le Président, la Baron de l'écluse, Mélodie en sous-sol ou encore les Vieux de la vieille... Ici, il incarne un ancien officier en retraite et aristocrate ruiné qui est en fait, un escroc des champs de course, un personnage haut en couleurs, plein de gouaille audiardesque et bardé d'un culot monstre pour entuber des pigeons. Bref, Audiard concocte encore des dialogues pas piqués des vers pour ce roi de la combine hippique, cet as de l'entourloupe à canasson, ce cador de l'arnaque turfiste qui permettent à Gabin de briller dans un grand numéro où il monnaye grassement ses conseils pour parier sur les meilleurs bourrins.
Son pigeon principal est un restaurateur maniéré joué par Louis De Funès, lui c'est le pigeon royal que Gabin prend plaisir à ratisser, il en a besoin pour sortir une ancienne conquête du nom de Maud qu'il retrouve par hasard et qui est devenue entretemps une grande dame du monde ; c'est alors une folle soirée où notre gentleman met le paquet pour montrer que son train de vie est princier, en l'invitant dans un luxueux cabaret russe animé par des violoneux qui roucoulent des airs tziganes, et en arrosant copieusement tous les larbins. Un sommet d'élégance et un grand moment !
Le scénario d'Albert Simonin qui étrangement n'a rien de policier, se contente de mettre Gabin en valeur, épaulé par de brillants seconds rôles, dont certains habitués comme Paul Frankeur, Jacques Marin, Frank Villard, Jean Lefebvre qui joue le petit complice filou et rigolo, Madeleine Robinson qui apporte sa grande classe au personnage de Maud, et bien sûr De Funès qui malgré l'affiche du film, n'a encore ici qu'un rôle secondaire, certes un peu plus important que dans la Traversée de Paris. Il rencontrera Gabin une troisième fois dans le Tatoué cette fois en vedette. C'est pourquoi cette affiche est une tromperie parce qu'elle met le nom de De Funès à côté de celui de Gabin, elle a été refaite. Mais ne nous attardons pas sur ce détail.
Ce qui compte, c'est de prendre du bon temps avec ce genre de comédie typique de son époque, bien orchestrée par Gilles Grangier, réalisateur fétiche de Gabin, avec qui il tournera 12 films, dont certains seront de gros succès, tels le Rouge est mis, Archimède le clochard, les Vieux de la vieille ou le Cave se rebiffe... C'est un film sans prétention, qui ne vise que la distraction, même si on n'est pas turfiste, et qui permet d'admirer Gabin au sommet de son art dans un cabotinage étudié et constamment jovial. Bref, du vrai ciné populaire comme je l'aime.
A noter que Léon Zitrone joue son propre rôle, c'était obligé pour lui qui a commenté les courses hippiques à la télé pendant plus de 30 ans.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 1960, Les meilleures comédies françaises, Les meilleurs films avec Louis de Funès, Les meilleurs films avec Jean Gabin et à table !
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le 12 janv. 2018
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