À l’image de son voisin italien avec qu’il a souvent travaillé, le cinéma français des années 60 s’est inspiré de ce qui se passait de l’autre côté de l’Atlantique pour produire des films à succès. Véritable film de gare, Le Gentleman de Cocody est de ce bois-là, une espèce de cousin germain éloigné de l’agent 007 ou de l’ami OSS 117 qui se retrouve engagé dans de folles aventures au fin fond de la Côte d’Ivoire. Avec Christian-Jacques aux manettes et Jean Marais en vedette, le film se veut une succession de péripéties incessantes dans une ambiance d’aventures et d’espionnage sur un ton plutôt amusant même si le film présente quelques morts.
Le film qui privilégie l’action ne ment pas sur le produit. Il souffre cependant d’un écueil rédhibitoire : le scénario tient vraiment sur un bout de nappe et, hormis l’action, le film ne raconte rien. On croule ainsi sous les scènes gonflées aux amphétamines (Jean Marais y laissa, d’ailleurs, de nombreuses plumes) mais tout cela peine à s’articuler vraiment autour d’un récit bien tourné sachant accompagner ses rebondissements à l’écran. Le récit finit ainsi par étirer à l’excès ses scènes d’action (celle en hélicoptère par exemple) de façon outrancière créant, de façon paradoxale, des longueurs alors que l’ensemble ne dure qu’1h24. Le cinéma d’action ayant excessivement évolué depuis le milieu des années 60, le résultat souffre de son caractère daté.
Ce petit film de série se regarde aujourd’hui gentiment mais son récit un brin foutraque et ses rebondissements téléphonés pourront décourager de nombreux spectateurs. Les cascades réalisées par Jean Marais, en revanche, n’ont pas pris une ride et ce personnage de gentleman lui va comme un gant. Le film pourra donc aussi se regarder comme le témoignage d’une époque.