Quelques défauts qui ne sont pas sans rappeler ceux de la série « Occupied », avec un traitement du monde politique très axé sur la com’ et sur la médiatisation, mais très peu sur les autres aspects de ce domaine.
Les acteurs sont plutôt bons. En revanche, les motivations de l’antihéros sont obscures : de qui et de quoi se venge-t-il ? D’un chagrin d’amour ? D’une humiliation (toute relative) ?
Sa réaction semble démesurée car rien ne laisse croire qu’il était à ce point passionné pour finir si meurtri et si haineux.
Bascule-t-il dans la haine par désespoir ou est-il seulement machiavélique par nature ?
Le mystère et l’ambiguïté du personnage sont intéressants, mais on ne comprend pas comment il peut être si froidement calculateur et réfléchi alors qu’il est censé être avant tout blessé et désorienté.
Par ailleurs, ses stratagèmes sont parfois peu compréhensibles, comme dans la scène où il organise en une nuit la tenue de deux manifestations au même endroit et le même jour, l’une de soutien l’autre d’opposition à un même homme politique.
On voit le héros pirater des comptes Facebook pour écrire des commentaires sous les événements des deux manifestations, et inscrire des participants à chacune d’entre elles.
Comment penser que personne ne se rendra compte de cette grossière supercherie ? Comment être sûr que ces deux rassemblements sortis de nulle part auront bien lieu, avec de nombreux participants et une organisation suffisante ?
Ça n’a aucun sens, et c’est une vision très naïve des techniques d’influence de l’opinion, comme c’est le cas pour d’autres « coup » de com’ du même genre présentés dans le film.
Je passe, dans le même ordre d’idée, sur la représentation du jeu vidéo où l’avatar du héros discute avec celui d’un autre joueur : on remarque tout de suite que les animations n’ont pas la logique de celles des phases de jeu MMORPG mais plutôt celle des cinématiques, avec des cadrages de cinéma, des personnages dont les mouvements de lèvres et les expressions faciales ou corporelles correspondent au ton de la conversation des joueurs. Le résultat trahit une méconnaissance de cet univers.
Le final évoque très fortement « Elephant », il est tout aussi glaçant. Quant aux dernières scènes, et au malaise qu’elles suscitent, on pourrait y voir une allusion à la fin de « Orange mécanique ».