Si on la force à se marier, cela ne donnera rien d’autre qu’un couple comme nous.
Le goût du riz au thé vert du grand Ozu, est un film reposant comme tous ses films. Pas d’action, très peu de mouvement de caméra, une atmosphère douce et triste à la fois. Le film traite pourtant de rapport humains difficiles à travers les relations de couple. Mais tout reste policé, les visages souriants et pas un mot n’est prononcé plus fort que l’autre. Pourtant les choses finissent par se dire et heureusement …
Le goût du riz au thé vert reprend le thème tant de fois traité par Ozu de la jeune fille à marier. Mais si jusque dans les années d’après guerre, le mariage arrangé était une évidence, les nouvelles générations ne s’y plient pas si facilement. Setsuko, 21 ans, au fort caractère, résiste, elle veut un mariage d’amour. Cependant, cette fois-ci, Ozu ne se focalise pas sur la jeune fille, comme il l’a fait dans Printemps tardif et Été précoce, mais plutôt sur les répercussions que son comportement entraîne dans son entourage. Sa tante Taeko dont elle est proche a fait un mariage organisé avec Mokichi et elle en défend la pratique. Pourtant, elle est malheureuse dans son couple, avec un mari qui lui est mal assorti et qu’elle surnomme « Monsieur l’engourdi ». Ozu filme ce combat intérieur de cet homme et de cette femme qui ont trouvé leur équilibre de vie en recourant, entre autres, à de petits mensonges.
Ozu filme l’évolution de Taeko et Mokici confrontés à leur propre relation suite aux résistances de Setsuko qui ne veut pas de ce type de vie. Le tout est cadré au cordeau comme à l’habitude du réalisateur, cela renforce cette impression d’une vie où tout est contrôlé, planifié, codifié, parfait extérieurement alors qu’à l’intérieur la souffrance ou l’ennui couvent et étouffent les personnes. Et voilà qu’un imprévu, un événement qui sort du contrôle ainsi qu'un repas partagé, tout aussi imprévu, autour d’un simple riz au thé vert vont tout révolutionner.
Encore une fois, Ozu nous donne d’entrer dans l’intimité et le quotidien simple de ses personnages. Sans vagues, sans coup d’éclat, la vie fraie son chemin à travers eux.
Un couple ça a le goût du riz au thé vert.