"Ninety years ago a lonely traveler boarded the night train from New-York to Washington, D.C, and when he reached his destination, his passage had become a forgotten chapter in the history of the United States. This motion picture is dramatization of that disputed journey."
L'Hiver 1861 aurait pu entrer dans l'Histoire des États-Unis comme celui qui vit son premier président républicain mourir sous les balles complotistes des partisans de Jefferson Davis et de l'union nationale. Le jeune pays n'aurait peut-être pas connu l'horreur de la guerre de Sécession et ses centaines de milliers de morts, certes, mais il n'aurait surtout pas vu ratifier son malodorant XIII amendement et épargner la vie de millions d'esclaves pourrissant dans les infernales plantations du Sud. Car fait aussi incroyable qu'inconnu de l'Histoire, le tout récemment élu président Abraham Lincoln fut bien la cible d'un terrible attentat visant à le supprimer, le jour de son investitures à Washington, D.C, en février 1861. Un attentat qui, s'il fut déjoué grâce aux soupçons des hommes du président, ne fut jamais formellement authentifier, ni par les intéressés, ni par les historiens, si bien qu'aujourd'hui encore on ignore même s'il y en avait un. Quoi qu'il en fût Lincoln prit la menace au sérieux et échappa peut-être ce jour-là à la mort. Ce ne fut que partie remise, quatre années, une guerre gagnée et un amendement abrogé plus tard : l'homme avait visiblement rendez-vous avec l'Histoire... et la mort.
John Kennedy sait de source sure qu'un attentat visant le président Lincoln est dans les plans de ses détracteurs, qu'ils soient sudistes ou tout simplement cupides (évidemment, l'imminence d'une scission du pays et d'une guerre civile nuirait aux affaires des uns et des autres ayant un pied dans l'union et l'autre dans la confédération). Mais ses supérieurs de la police de New-York ne l'entendent pas de cette oreille et n'hésitent pas à brimer l'imagination fertile de leur sergent zélé. Un attentat le jour de l'investiture, et puis quoi encore! Aussi décide-t-il de rendre sa plaque et de partir à son compte par le dernier train de nuit pour Washington, afin de mettre à jour le complot diabolique.
Hormis les premières minutes du film qui présentent les différents personnages, l'intrigue et les lieux, ainsi que deux, trois séquences au bord du quai des différentes gares traversées, l'intégralité de l'action se déroule en temps réel dans les voitures du train. La photographie de Paul Vogel fait merveille et s'allie parfaitement à la mise en scène soignée et rythmée du grand Anthony Mann. Bien que relativement court (78 minutes), le film ménage un suspens haletant étoffant chaque seconde d'intrigue et rendant le tout d'une extrême richesse narrative. L'enthousiaste chanteur-danseur Dick Powell apporte toute son énergie et sa conviction à son rôle d'ange gardien du président (rôle directement inspiré d'Allan Pinkerton, qui est ni plus ni moins que le fondateur de la fameuse Pinkerton National Detective Agency qui se mit au service de Lincoln avant de faire régner la loi là où elle n'existait pas, dans le Far Ouest) et participe à faire de The Tall Target une vraie réussite du film noir.
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