"Welcome to your life, there's no turning back..."
Principal point commun entre Ready Player One et Le Grand Bain, "Everybody wants to rule the world" de Tears for fears est présente au début du film. Ah et si il y en a un autre, j'ai vu chacun de ses films dans une salle de province quasi pleine, en semaine. Signe que comme l'acidulé long-métrage de Spielberg, le premier film réalisé (et dialogué) en solo par Gilles Lellouche va réaliser un très beau parcours. Certains le pressentaient comme le nouvel Intouchables. On est effectivement sur une comédie populaire de qualité. Et pourtant, on ne rigole pas tout le temps devant ce film qui s'il commence comiquement à défaut de joyeusement, je trouve, a une partie un peu sombre. On y découvre les misères sociale, affective ou financière (voire les trois) des principaux protagonistes campés par Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Philippe Katerine, Jean-Hughes Anglade (et sa chevelure digne d'Ozzy Osbourne) ou encore Guillaume Canet, jamais décevants. Ces cinq-là plus deux puis un autre gus, vont s'entraîner pour le championnat du monde de natation synchronisée en équipe sous la houlette d'une Virginie Efira, ex-alcoolique qui fume des Vogue autour du bassin avant d'affronter sa triste réalité puis de Leïla Bekhti, handicapée moteur tyrannique habituellement en charge des poloïstes (qui manquent pas de se foutre de la gueule des losers de la nat synchro). Cette belle bande de bras cassés va se relever ensemble, poussée par un but commun (c'est beau hein ! ça fait discours politique enivrant mais là on n'est pas déçu une fois le gars élu car c'est du cinéma). C'est dans cette deuxième partie du film que les rires fusent le plus. Sans que ce film soit une grosse marade tout du long, il déride bien et donne presque envie de regarder le club de natation synchronisée masculine, le plus proche de chez toi (peine perdue mais bon). Des contre-forts alpins entre Lyon et Grenoble, à la sublime Norvège, on est vraiment heureux de voyager avec eux. C'est peut-être ça un "feel good movie". Certains crient presque au plagiat du Full Monty. On n'a donc plus droit à une idée originale, plus de vingt ans plus tard. Gilles Lellouche avait raconté qu'il avait eu l'idée de ce film en regardant un reportage sur Arte sur une paire de nageurs synchronisés suédois. Je le pense sincère. Il avait sans doute la volonté de faire un film de potes, avec leurs tracas, leurs vannes, leurs piques... C'est une réussite. Une vraie avec en prime une bonne BO (Lellouche avait réalisé il y a plus de 15 ans des clips de MC Solaar et de Suprême NTM) et de belles images subaquatiques ou pas avec comme témoin l'absence d'ennui quasiment deux heures durant.
Post-filmum : le spectacle final est tout simplement beau et impressionnant. Belle performance physique des acteurs qui sont pourtant loin de la silhouette de Camille Lacourt ou Kevin Mayer. Un doute cependant, les moments où on ne voit que leurs jambes parfaitement alignées hors de l'eau, doivent être doublés. Sinon, c'est du grand art !