Pour résumer rapidement cette critique: Merci Monsieur Lellouche. Il m'aura fallu deux visionnage pour me rendre compte de la singularité de votre oeuvre. C'est avec une certaine émotion que j'ai découvert le film une seconde fois et là, illumination: le cinéma français n'est pas mort ! Encore mieux, il est capable de nous surprendre encore. Il est même capable de faire preuve d'originalité. Et pour cela, je tire mon chapeau à Gilles Lellouche qui nous offre le film de l'année (du point de vue de la comédie et du national français bien entendu). Mais que faut-il vraiment retenir de grand bain. C'est que nous allons voir maintenant.
Tout d'abord, c'est la naissance d'un réalisateur pour moi. Alors oui, on peut critiquer le côté clipesque du film, étant donné que Lellouche vient de ce genre là à la base mais c'est la force du film. Parvenir à filmer avec une telle précision tout en ajoutant à cela des émotions c'est un pari osé mais réussi haut la main. Toutes les scènes aquatiques du film sont magnifiques: faire un film sur la natation synchronisée de manière générale doit s'accorder avec la notion de grâce. Encore plus qu'en celui-ci mais en scène des hommes qui, ne nous mentons pas messieurs, ne sont pas réputés pour leur grâce. Et bien, ils ne sont pas gracieux, il y a toujours ce côté animal qui ressort (notamment dans la manière d'attaquer l'eau) mais c'est jouissif. C'est tout bonnement incroyable de voir ce gang d'acteur, dont la renommé n'est plus à faire, s'amuser autant dans l'eau. Surtout qu'aucune scène n'a été doublée pour l'occasion.
Il y a quelque chose de féerique dans ce film. Je n'arrive pas à définir quoi mais lors du second visionnage, j'ai ressenti quelque chose: le film possède une énergie entraînante. Et je pense que le côté clipesque joue pour beaucoup dans cette élan de positivité. Une scène m'a marqué, pourtant elle n'a rien d'essentiel dans le film mais ce plan dans lequel Philippe Katherine danse sur un fond bleu devant la piscine est juste magnifique. Il qualifie selon moi le film: positivité dans et en dehors de la piscine, la couleur bleu plongeant le personnage dans une fusion avec l'élément de l'eau. D'autres plans sont vraiment d'une justesse incroyable: c'est là qu'on reconnait une volonté artistique: Lellouche savait parfaitement où il voulait aller avec film. Il y a un vrai parti pris esthétique dans ce film. Rien que pour cela, on peut le remercie.
Le film fait passer par toutes les émotions, du rire au larmes, on suit le voyage initiatique de l'ensemble de ces âmes cabossées. Certes, les personnages ne sont pas tous originaux, certains paraissent lourds malgré l'interprétation du casting. Ils sont tous au croisement de leur vie franchement raté. Et, c'est dans ce sport, dans cette espoir de réussite qu'ils vont renaître. Pour devenir des hommes nouveaux. Mais si nous, spectateur, nous avons conscience de cela, le monde dans lequel évolue les personnages possèdent une fatalité. La reconnaissance qu'ils espéraient n'arrivera jamais. Mais, dans un sens, c'est le message du film: que vous soyez usés, cabossés ou bien dans votre vie, il ne faut jamais cesser de se battre pour ses rêves, même s'ils peuvent paraître futiles.
Comme je le disais, le film possède un casting 200000 étoiles. On retrouve que des pointures du cinéma français accompagnés par des nouvelles têtes qui deviendront grands. Là aussi, il y a un choix, dans cette piscine, ils sont tous égaux, peu importe la reconnaissance de chacun. Honnêtement, pour des acteurs comme Poolevorde, Almaric ou Anglade, se retrouver en maillot de bain durant tout un film ne doit pas être facile. Mais, les performances de chacun sont remarquables: ils incarnent et elles incarnent des personnages proche de la réalité dans laquelle on vit: on a tous des problèmes, des regrets, des envies, et bien, ce film est une leçon. Une belle leçon d'espoir.
Le Grand Bain est assurément une réussite qui m'a profondément touché. J'ai voulu laissé une deuxième chance à ce film et j'ai bien fais. Il y a une telle maîtrise de l'appareil cinématographique dans ce film. On est bien loin de plan inoubliable mais Lellouche fait avec ce qu'il maîtrise, il n'essaye pas de mentir à son spectateur, il propose une recette: à nous d'adhérer ou non à celle-ci mais ce qui est sûr, c'est que le film porte un message fort sur la société et la vie dans laquelle on vit. Puis, merde, voir des mecs comme Cannet, Almaric ou Katherine faire de la natation synchronisée ça vaut pas tout l'or du monde sérieusement? Pour finir: j'aimerais dire une chose: Merci Gilles Lellouche. Merci de prouver que le cinéma français n'est pas mort et se constitue uniquement de comédie lourdingue ou stupide mais que le cinéma français possède toujours son lot de surprise.