Loin du tumulte du monde, caché dans les interstices de l'univers et du temps, vous trouverez de grandes tentes un peu mystérieuses d’où s’échappent les étranges sonorités de guimbarde, de bousine, de musette ou de biniou et où s’entre-déchirent les cris et les impacts réguliers des pieds sur les planchers. Il s’agira sûrement du Grand Bal, évènement annuel qui rassemble des milliers de danseurs plus ou moins émérites pendant 7 jours et 8 nuits dans la fièvre des rythmes des musiques traditionnelles où le temps s’évapore et les corps s’accouplent, tournent et virevoltent, indéfiniment. Pour la première fois, une caméra pénètre cette Arche de Noé de la danse, offrant le temps d’un documentaire un belvédère pour admirer cette utopie qui abolit les différences en un mouvement chorégraphié, poussé jusqu’à l’épuisement. La caméra de Laetitia Carton nous dévoile un peu de ce monde magique, nous présente son peuple et ses codes. Aspirés, nous n'avons plus qu'à nous laisser glisser au sein de ce vortex musical qui sonne comme un appel, un défi physique et émotionnel, une invitation à rejoindre la danse, pourvu qu’on ait l’ivresse, pourvu qu’on ne s’arrête jamais de tourner.