Le Grand Bazar est une grosse comédie jouissive écrite et réalisé par Claude Zidi, qui met en scéne quatre copains Jean, Phil, Gérard et Jean-Guy (Les Charlots)... des vrais branleurs qui préfèrent passer leur temps dans le bistrot d'Émile (Michel Galabru) plutôt que d'aller travailler et qui vont faire face a la concurrence d'un supermarché... dont le gérant est un certain Félix Boucan joué par Michel Serrault... Avec son grand n'importe quoi, burlesque, ses innombrables gags a intensité variable (la mobylette-tondeuse a gazons, la scie circulaire très pratique pour trancher du saucisson, la distribution de trac publicitaire, la course en moto, les scènes de vol au supermarché... avec l'excellent Jacques Seiler ou même la vente aux enchères du Bistro ou le magnifique Roger Carel joue le commissaire-priseur), Le Grand Bazar s'impose comme la comédie la plus jouissive des Charlots... en effet, leur quatrième aventure cinématographique, oppose les joyeux post hippies au cotés de Michel Galabru (qui fait du Galabru)... a Michel Serrault alias Michel Boucan, sinistre émule de Édouard Leclerc (fondateur de l'enseigne de grande distribution) ou Félix Potin (une enseigne française de distribution créée par l'épicier Félix Potin au milieu du XIXe siècle) incarnations d'une vieille France de commerçant poujadiste-cyniques... Mais contrairement aux autres films avec les Charlots (hormis les Bidasses en Folie du même realisateur), le Grand Bazar propose un sous-texte critique au travers d'une caricature de la société de consommation... un sentiment prolongé par une anecdote révélatrice racontée par Claude Zidi " On a filmé toutes les scènes de l'hypermarché en plein jour, alors que le magasin était ouvert, les gens étaient hypnotisés par les produits qu'ils étaient entrain d'acheter, sans faire attention aux caméras... "
Enfin bref, Claude Zidi signe une comédie (pas très fine certes) douce et légèrement amère sur la société de consommation qui caractérise de l'époque pré-giscardienne... ou la fin du petit commerce, face à la concurrence gigantesque des supermarchés (une œuvre de plus en plus visionnaire)... et l'un des deux meilleurs films des Charlots (l'autre c'est Les Bidasses en folie).