"Le Grand Bazar" est souvent considéré comme le meilleur des Charlots (ou le moins mauvais selon leurs détracteurs). Ici, nos quatre amis vivent en cité ouvrière, et se font virés de leur usine. Les voilà contraints à vivre de petits boulots, jusqu'à ce qu'un énorme hypermarché ouvre, ce qui menace sérieusement le commerce de leur meilleur ami épicier.
Clairement, la réalisation du film est un poil approximative. On voit bien que certaines réactions, ou certains petits "loupés", auraient été coupés dans une production plus exigeante. Mais honnêtement, l'aspect doux-amer du "Grand Bazar", et son rythme frénétique, parviennent à en faire une comédie toujours sympathique, même 50 ans plus tard.
Cela tient d'abord au débordement de gags en tous genre. Du burlesque à l'absurde, de l'enfantin bienveillant au tacle bien senti, avec en primes quelques cascades (!). Avec une vanne toutes les 30 secondes, il y a de quoi faire ! Le tout soutenu par l'énergie de la bande, mais également par Michel Galabru en épicier déterminé, et Michel Serrault en directeur de supermarché hautain.
Ensuite, le film propose un fond étonnement politique. Il s'agit d'une peinture acerbe de la France des années 70. Entre pattes d'éph' et emplois faciles à trouver, ce sont aussi le métro/boulot/dodo, les dérives grandissantes de la société de consommation, et les grandes enseignes qui remplacent les petits commerces.
Le film se conclue d'ailleurs par une touche étonnement cynique et amère pour une comédie !