Il faut imaginer la scène se situant à la toute fin de l’été, dans un appartement ensoleillé de partout, une pastèque sur la table, un verre de Suze à la main et le narguilé anisé aux deux pommes qui ronronne entre nous deux… Scritch me raconte merveilleusement un film mythique avec un Gary majestueux et une histoire absolument hilarante de sosies dans l’ouest…
Il faut imaginer Pruneau enfonçant le clou avec un de ses titres magiques en oubliant de préciser qu’à aucun moment donné le film ne prétend que Dan Dyrya ressemble à Gary Cooper autrement que par la taille et avec un foulard sur le museau…
Alors forcément, quand je tombe sur un scénario digne des petites séries B avec John Wayne jeune que je m’enfile parfois en cachette et nulle réelle trace de sosisme dans tout cela, forcément, je suis un peu déçu…
Il n’empêche que Gary, qui produit aussi le film, s’offre un rôle moins flatteur qu’à l’ordinaire, Melody Jones (pas Bill du tout donc...) : un bon gars pas méchant ni très dégourdi, aussi doué avec un revolver que moi avec un rouleau à pâtisserie et qui a fâcheusement tendance à entonner des chansons interminables… Enfin, c’est surtout fâcheux pour William Demarest, son coéquipier bougon, parce que moi, entendre Gary reprendre « I’m a poor lonesome cow-boy », je suis plutôt pour…
C’est charmant tout plein en fait, derrière l’histoire inepte et anecdotique, Loretta Young a un peu trop de dents pour accrocher le regard, mais on fait avec, de toutes façons, on est tous là pour Gary, ne nous voilons pas la face et là, on peut dire qu’on en a pour son argent.
Gary le maladroit, Gary le faux-dur, Gary le nonchalant, Gary le héros-malgré-lui, Gary qui pétille, Gary qui ramasse son flingue sans descendre de cheval… Du bonheur, je vous jure…
Bon, après, c’est juste dommage, moi, j’étais tombé amoureux d’un film extraordinaire raconté dans des volutes de narguilé anisé aux deux pommes avec un verre de Suze à la main et une pastèque sur la table, alors forcément, ce n’est pas tout à fait la même chose…