Le Grand Embouteillage par Mickaël Barbato

Ah, Rome, ses vieilles pierres, ses filles, ses restaurants au bon goût d'attrape-toursitstes... et ses embouteillages ! Le postulat du film prend ses racines dans ces bouchons interminables, une situation avec laquelle Comencini va s'amuser à peindre des personnages aux traits grossiers (l'homme politique de droite humainement imbuvable, le gauchiste magouilleur, la féministe, le couple aux apparences tranquilles, l'acteur raté) pour mieux les détruire avec un certain plaisir une fois les voitures à l'arrêt complet.

Le film est construit d'une façon assez étonnante. Déjà, le réal réussi à bien s'approprier les quelques dizaines de mètres où se situe l'action, ce qui ne devait pas être une mince affaire, vu le style des automobiles de l'époque. Il compense ce manque de différence par un décor, une casse qui donne aussi une sorte de mise en abîme de la situation, comme une menace impalpable, comme un destin pour tout et tous.

Ensuite, les intrigues sont contées comme des scénettes, on va et vient d'une voiture à l'autre. Comencini, très clairement, utilise ce procédé pour étouffer le spectateur, et asseoir son envie de tout détruire, de tout railler, de tout dénoncer. Alors, certes, on pourra trouver un manque de liant, on pourra même dire qu'il manque une intrigue principale (ce qui est faux, puisque savoir quand l'embouteillage se dissipera est l'intrigue), mais ça a le bon côté d'installer et de manipuler le contexte à volonté.

Un contexte et une ambiance d'une lourdeur assez phénoménale, qui devient carrément malsain dans le dernier tiers, où tout les caractères partent en vrille, les sous-entendus, les non-dits, tout éclate dans une critique sociale, matérielle, humaine de tous les instants. Ca hurle, ça tape, ça viole, ça boit, ça insulte, ça vole etc... Peut-être une des descriptions les plus pessimiste (juste ou pas, c'est au spectateur de le dire, perso c'est très ressemblant à ce qu'on peut connaître) de l'humain jamais vu sur un écran, du début à la fin.
Soufflé.
Bavaria
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le 2 août 2010

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