Le Grand homme est un film hors des sentiers battus et, pourtant, il est basé sur des conventions très strictes : celles de la Légion étrangère inventée par Napoléon Bonaparte.
J'imagine aisément que de nombreux spectateurs ne parviennent pas à en comprendre les ressorts, tout simplement parce que ce film n'a pas su fournir la clé dès le départ.
L'indispensable clé de la Légion, c'est la rectification. 100% des hommes qui s'engagent dans la Légion n'attendent que d'être rectifiés.
Par principe, puisque cette légion est étrangère, ils ne peuvent pas être Français. Alors ceux qui le sont prétendent qu'ils parlent correctement le français parce qu'ils sont nés à Monaco, en Wallonie ou en Suisse romande, et on feint de les croire. Officiellement, ils ne doivent pas avoir commis un crime de sang ; néanmoins, c'est le cas d'une grande partie des engagés, et on le sait. On ne se donne pas le ridicule d'éliminer les meurtriers pour faire la guerre ; seulement les pathologiques ingérables. Tous ceux qui s'engagent dans cette prison à ciel et âme ouvertes fuient quelque chose. La plupart du temps, c'est la Justice. Ce postulat de départ facilitera les relations, que ce soit sous forme d'amitié à vie... ou d'inimitiés mortelles. C'est en fonction du crime initial, connu ou supposé.
En quelques mots : on s'appelle Dimitri et on a fait une très grosse connerie. Pour éviter une lourde condamnation judiciaire, on s'engage dans la Légion sous le pseudonyme de Jeremy. Pendant 5 ans, Jérémy fait la guerre là où même les drones chient dans leur froc, il sape là où même les taupes n'osent pas poser de mines, il construit des routes là où aucun véhicule n'a jamais pu passer. Il ne deviendra jamais officier mais s'il obtient le diplôme de "bon légionnaire", alors il se réinsérera dans la vie civile sous le nom qu'il a choisi (pourquoi pas John-Henri ?) avec un livret de famille entièrement inventé, un casier judiciaire totalement vierge et un passeport français absolument officiel : un état civil rectifié pour pour une nouvelle vie dans n'importe quel pays du monde.
Sachant cela, le film pourrait devenir polar lorsqu'une carte d'identité rectifiée change de main. Mais ce n'est pas l'objectif.
En définitive, Le Grand Homme pèche