La Marque du Diable
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Tous les grands films d’horreur sur l’inquisition prennent leur source avec le méconnu Le grand inquisiteur. Fresque d’époque dans une esthétique très Hammerienne, ce dernier s’attachait à filmer un inquisiteur et ses périgrinations en Angleterre, ainsi que la vengeance d’un des proches de ses victimes. Des bases intéressantes qui marquent déjà une certaine volonté d’objectivité (point d’attaque haineuse de l’Eglise), sans pour autant développer beaucoup de pistes qui s’offrent à lui (ses successeurs s’en chargeront avec grande efficacité). Un classique en somme.
Le grand inquisiteur s’attache donc à reconstituer une époque troublée, comme en témoigne son introduction sans musique où une femme, entravée, est emmenée de force par une procession vers la potence du village, en y recevant les derniers sacrements par un prêtre peu rebelle et d’être sommairement pendue. Une introduction sèche qui plante bien le sujet d’office. Toutefois, le film attaque essentiellement les personnages de l’inquisiteur et de son bourreau attitré, les véritables saloperies humaines du film, qui torturent essentiellement pour de l’argent. La population, guidée par une peur aveugle (accusant les prêtres et tous les gens qui tentent de leur venir en aide), cherche des motifs de condamnation, les inquisiteurs ne sont là que pour donner une soit disant bénédiction de l’Eglise alors qu’ils n’en réfèrent visiblement à personne d’autre que leur bourse. Un traitement amoral plutôt efficace, et qui gère avec une certaine efficacité les scènes de tortures qu’il met en scène. Un peu de sang, mais relativement peu (la cruauté vient du fait que les victimes n’ont absolument aucun moyen de défense du jour au lendemain), le film fait plus dans la révolte qu’impliquent de tels traitements, montrant une foule complice qui se délecte de la situation alors que le spectateur s’énerve devant ces déchaînements de violence aveugle.
Mais si ce traitement plante excellement le sujet du film, l’intrigue devient vite sommaire, voire un poil barbante. On s’attaque en effet à un garde de l’armée royale qui tombe amoureux de la nièce d’un prêtre (nièce qui joue d’ailleurs moyennement bien l’amour). Or ce prêtre est accusé de sorcellerie et finit exécuté, sa nièce en réchappant au prix de son corps (mais elle n’est pas déflorée par l’inquisiteur hélas, elle l’avait déjà été par son amoureux, ce qui est quand même louche et assez mal vu pour l’époque). Le cavalier, ivre de vengeance, jure dans la chapelle profanée du prêtre défunt de venger sa mort. Et nous voilà embarqué dans un revenge movie d’époque, qui se contente par la suite de suivre les tribulations des personnages au travers du pays. Ils se rejoignent, se ratent, se séparent… Bref, on fait durer la montre en meublant avec des péripéties plutôt sympathiques (magnifique scène de bûcher qui a probablement inspiré Christophe Gans pour Silent Hill) et de splendides paysages de la campagne anglaise en plein hivers, mais somme toute inutiles pour l’enrichissement thématique de l’histoire. A noter toutefois un final particulièrement nerveux pour un film de l’époque (on termine dans un massacre à la hache) et la prestation de l’exécuteur, excellent dans son rôle d’homme de main voyant la culpabilité chez tout le monde y compris chez son propre maître. Si Vincent Price reste attachant en inquisiteur imprévisible, sa prestation est ici un peu effacée, le personnage ne faisant pas preuve du charisme qu’on peut lui reconnaître dans Le masque de la mort rouge. Bref, un premier film plutôt sérieux sur le sujet, mais qui sera dépassé sans mal par Béatrice Cenci, The mark of the devil et le démentiel The devils.
Créée
le 4 déc. 2015
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