A chaque début d'année, on a toujours une certaine hâte en ce qui concerne les sorties du début d'année. Et pour cause, ces sorties donnent bien souvent le ton de l'année cinéma que nous allons vivre. Et ce début d'année 2018 est donc marqué par la sortie du nouveau film avec la flamboyante, Jessica Chastain, à savoir, Le Grand Jeu. Le film retrace le parcours pour le moins atypique de Molly Bloom, une jeune skieuse prometteuse qui, après une grave blessure, décide de tout plaquer pour se rendre à Los Angeles. Là-bas, une nouvelle vie s'offre à elle, pleine de fantasme et de danger, et la perte de contrôle n'est jamais très loin.
Le Grand Jeu s'impose comme un film réussi sur presque tous les points. Il s'ancre dans une certaine mouvance du genre du biopic: comme à su le faire The Big Short* ou bien Le Loup de Wall Street avant lui, ce film est un film qui parle, qui nous parle. Il y a presque constamment une voix qui nous raconte l'histoire, une voix qui dirige l'action et qui permet de raconter un maximum de chose sur l'histoire de Molly Bloom. Il y a bien une partie fictive, non niée par le réalisateur mais une majeure partie des faits sont bien réels et l'histoire de Molly Bloom a fait couler beaucoup d'encre à l'époque, notamment concernant l'industrie du cinéma. Celle qui a organisé les plus grandes parties de poker clandestines que nous ayons pu connaitre a côtoyé les plus grands, notamment des grands acteurs dont on taira le nom puisque le film ne cite aucun nom. Mais si voulez quelques renseignements, ils sont faciles à trouver.
Raconter l'histoire de cette femme que beaucoup considère aussi comme une criminelle que comme un exemple de femme qui a su se faire une place dans un milieu masculin constituait un défi de taille pour le réalisateur Aaron Sorkin, un scénariste hors pair. Non seulement ce film est son premier en tant que réalisateur, mais c'est aussi une histoire bien connue dans le monde du cinéma. Il fallait donc trouver le juste milieu entre le biopic et une prise de position concernant Molly Bloom. Pour le coup, le piège résidait dans cette dernière idée: le film ne devait, sous aucun prétexte, prendre partie pour cette femme qui est tout de même une criminelle. C'est le grande force du film: il ne prend jamais position pour ou contre ce personnage, il dresse le portrait d'une femme qui a dû devenir une dame de coeur, dans une cours masculine et prêt à tout pour l'écraser. Il faut bien admettre que le parcours et le récit de son aventure est vraiment prenant.
Et pour incarner au mieux cette femme d'envergure, il a fallu trouver une actrice capable de se muer en elle à la perfection. Le choix n'a pas été long puisque c'est Molly Bloom en personne qui a choisi la pétillante Jessica Chastain. Bien que les deux femmes ne se ressemblent que très peu physiquement parlant, l'actrice est absolument parfaite dans ce rôle. Elle possède un magnétisme et n'hésite pas à jouer de son corps, notamment ses yeux pour se glisser dans la peau de son personnage. Elle livre ici une de ses meilleures performances à la fois sombre et sobre ce qui est en total contradiction avec la vie de Molly Bloom, faite d’extravagance, de drogue, d'argent et de luxure.
Pour conclure, Le Grand Jeu est un grand film, qui n'est sans doute pas suffisamment apprécier à sa juste valeur. La vie de Molly Bloom est passée au crible par un réalisateur inspiré et par une actrice toujours aussi flamboyante et touchante. C'est un film ambitieux, qui se détache du classicisme du biopic pour lorgner quelque peu sur le thriller politique. Quelques scènes sont vraiment mémorables en termes de mise en scène. Le Grand Jeu rend honneur à la Dame de Coeur qu'était, Molly Bloom.