Impairs et lasse
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Premier long de Nicolas Pariser, Le Grand Jeu sonde les arcanes de la politique française. La bande-annonce dévoilée laissé dubitative, car présageant soit un pur thriller politique soit un film dramatique bavard. La question est donc de savoir vers quelle tangente l'auteur s'est orientée.
Enchaînant des scènes maîtrisées autant d'un point de vue d'écriture que de mise en scène, l'auteur capte rapidement l'attention du spectateur. On se retrouve ainsi très vite passionné par ce jeu de pouvoir abordant des théories peu traitées dans le cinéma telles que la puissance de la liberté d'expression comme outil de censure.
L'intrigue se développe ainsi pendant le premier tiers de l'œuvre. Lorsque la deuxième partie s'amorce, cela intervient via un événement décisif dans l'évolution narrative entrainant une rupture de rythme aux antipodes de ce dont on a été habitué jusqu'alors.
Un changement brutal qui a de quoi décontenancer le spectateur, mais qui est logique au sein du récit. En effet, là où la trame impliquant Joseph se doit d'être rythmée, afin de retranscrire la course aux pouvoirs à laquelle se livre le protagoniste, la suite s'apparente plus à un drame romantique. De ce fait, les relations humaines prennent le dessus sur les enjeux politiques et les personnalités sont approfondis via de nombreux dialogues.
Il est donc courant de se retrouver face des discussions longues et denses, mais dont la finesse d'écriture rend ces joutes verbales passionnantes. Le rythme global de l'œuvre en est certes impacté, mais les personnages en ressortent grandit.
Dans l'ensemble, l'œuvre est intéressante de par les idées qu'elle aborde. On peut regretter que l'auteur n'ai pas mis en parallèle les deux récits : la quête du pouvoir par Joseph et celle existentielle de Pierre. En l'état, le film souffre d'un rythme inconstant qui risque d'en déstabiliser plus d'un. De même, bien que d'une écriture des plus justes, les dialogues comportent diverses références qui peuvent rendre le spectateur hermétique aux thèmes abordés.
Au final, le film est exigeant, car pousse le public à ne pas se reposer sur ses habitudes cinématographique ( intrigue explicite, rythme de croisière,...) mais plutôt à rester concentrer afin de s'adapter aux variations opérées par le réalisateur. Une intention louable qui atteint ses limites dans la gestion des intrigues.
Film d'ouverture à l'Arras Film Festival, Le Grand Jeu divisa le public pour les raisons sus-mentionnées. Pour autant, pour un premier long métrage, Nicolas Pariser s'en sort bien et démontre de grandes qualités autant dans le traitement esthétique de l'œuvre que dans l'écriture. Un réalisateur a suivre donc.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 16 éme Arras Film Festival: ma sélection
Créée
le 9 déc. 2015
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