Akino est une apprentie concierge dans un prestigieux centre commercial. Comme le lui ordonne régulièrement et vertement son supérieur, elle se démène pour satisfaire les clients qui sont… des animaux. Et leurs exigences sont parfois extravagantes, ce qui met la jeune femme dans des situations invraisemblables.
Le Grand magasin est un ovni de l’animation. Déjà, le titre français est, une fois encore, complètement imbécile. Hokkyoku Hyakkaten no Konsheruju-san signifie (merci google translate) Conciergerie chez Arctic Department Store. Le titre original met l’accent sur le sujet principal du film, les concierges, qui travaillent non pas dans un grand magasin, mais dans un centre commercial (qui abrite plusieurs magasins, donc). Voici pour les précisions sur l’intitulé.
Le sujet, d’abord est à mon sens une ode à la France. Le trait ressemble aux strips des magazines de mode des années 70. Le dessin est simple, un poil brouillon, les aplats de couleurs sans variations et les textures hachurées ; on se croyait dans une BD. Le terme concierge, ensuite, est scrupuleusement repris en VO (et bravo pour la prononciation nippone au passage). Enfin, les magasins montrés sont des parfumeries, des marques de vêtements et bien sûr l’incontournable restaurant gastronomique, sans oublier l’exposition artistique. Ces apanages de luxe et de raffinement font (faisaient) partie de l’identité de notre culture. Seul le centre commercial rappelle le Goum de Moscou. Il faut dire que ce bâtiment somptueux se prête bien au faste décrit dans cette œuvre.
Et le scénario ? Ben y en a pas. Aniko se démène sous la houlette de son supérieur à moustache, elle affronte des situations délirantes avec une hystérie toute japonaise et s’en sort parce que le film se veut joyeux. Les personnages sont souvent loufoques (mention spéciale au manager pingouin qui aime glisser sur le carrelage) et dramatiquement hétéroclites. Par ailleurs, l’explication sur la présence des animaux est torchée en quelques minutes et n’est absolument pas convaincante.
Quel est ce délire sur les animaux disparus qui reviennent ? Pourquoi, pour se racheter, les humains les font-ils consommer comme des abrutis, pardon, comme des hommes, participant ainsi à la pollution de la planète ? Par ailleurs, les animaux sont intégrés dans la société (comme l’actrice ou le manager), du coup pourquoi ont-ils un traitement spécial ?
Le Grand magasin est une œuvre surréaliste exposant une tranche de vie sans une once d’explication, ni sur son héroïne, ni sur le monde, ni sur le scénario et surtout pas sur la chute vaguement en abîme. L’effort artistique est intéressant au moins au niveau graphique, mais l’incohérence totale de ce qui y est présenté ainsi que l’incompréhension qu’elle génère (chez moi en tout cas) rebute et empêche de rentrer dans l’histoire. À voir donc par curiosité ou si on est un grand fan des centres commerciaux, mais c’est tout.