Le Grand Meaulnes par Brice B
J'attendais de voir ce film avec un petit frémissement très discret, presque comparable à de l'excitation, m'attendant, je crois, à quelque chose de grandiose, quelque chose de beau, quelque chose de touchant. La déception est à la hauteur de mes attentes, voyez-vous.
C'est Duvauchelle, le mec qui doit avoir 25 ans dans la vie, qui se retrouve dans la même classe que Maunier, qui doit en avoir à peine dix de moins. Ca, c'est crédible quand on filme un reportage sur les classes difficiles en ZEP, c'est tout. Meaulnes (Duvauchelle) c'est le rebelle mature, celui qui est toujours entouré de jeunes adolescents en pleine poussée pubertaire, et qui raconte comment les femmes sont faites, et comment on les encanaille. Meaulnes, c'est le rebelle et le cancre, le poète et l'espiègle, celui qu'on admire et qu'on jalouse.
J'ai été très sincèrement déçu par le film, et je pense qu'on aurait pu tirer mieux du scénario, avec d'autres acteurs, un meilleur jeu. Pour commencer, il y a Duvauchelle rasé de prêt et plein de fond de teint qu'on essaie de faire passer pour un petit jeune. Ensuite, y'a ce gosse qui, quand on voit sa tête c'est un gamin de 12 ans, quand on le voit se débattre dans l'eau, c'est un mec calvicié qui a déjà la quarantaine facile. Déjà, ça casse une certaine crédibilité sur le doublage. Passons.
Maunier, non, là c'est une erreur de casting. Je sais que le gamin a fait une belle prestation sur Les Choristes, mais c'est un peu injuste de lui offrir ce rôle. Dans la même année, tenez-vous bien, il passe de l'ado de 14 ans un peu coincé, qui fantasme sur le grand Meaulnes comme un pédé qui se ballade dans le marais, à l'instituteur avec de la moustache, et pour finir, apothéose, se retrouve comme conscrit dans l'armée pour la Grande Guerre. Faut pas déconner, Maunier, il a l'âge de mon petit frère, et il est autant crédible en instituteur moustachu et en militaire qu'un politicien en type honnête : on voit tous le maquillage, on dit rien, on sait que c'est pas crédible, mais on se force à y croire quand même.
Alors non, vraiment, pour ce film un peu trop léger, un peu trop "Pagnol raté", un peu trop mal joué, un peu trop "on se croit au théâtre" (le dernier film ou j'avais le sentiment que les acteurs jouaient aussi mal c'était Toute la beauté du monde, d'Esposito, ou Marc Lavoine était catastrophique !), non, je ne ferais pas d'éloges.
Et je ne le vous recommande même pas.