Les messages à caractère informatif ainsi que La personne aux deux personnes ; c'est dire si je fan de l'humour absurde de Nicolas & Bruno, qui me fait hurler de rire, avec les références constantes aux années 1980 et à la COGIP.
Pour leur deuxième film, ils s'attaquent à un mal typiquement masculin ; la tentation de l'adultère. Ça se passe à l'occasion de l'accident cardiaque de trois hommes, qui vont vouloir faire le point dans leurs vies ; l'un va se mettre en couple avec une femme bien plus jeune, l'autre sent qu'il n'est pas bien dans son couple où tout est réglé comme du papier à musique, et le dernier, le plus bourgeois des trois, jure qu'il restera fidèle à sa femme. Jusqu'à ce que...
Le sujet est très intéressant, et si on ne retrouve pas la COGIP, on a encore quelques traces de l'humour de Nicolas & Bruno, notamment un (faux) documentaire sur la vie en communauté dans un village américain ou une petite référence à la Restaurathèque, sans oublier les voix des réalisateurs qu'on entend en voix off. Il y a aussi Denis Podalydès assez marrant en cardiologue plus intéressé de voir ses anciens copains que de leur parler de leur mère malade.
Les trois frères, joués par Kad Merard, Fred Testot et Benoit Poelvoorde sont assez inégaux, mais je trouve que ce que fait le dernier est le plus touchant, car s'il cède à la beauté de Charlotte Le Bon (en même temps...), on sent que sa décision le pèse, qu'il a peur de perdre sa compagne (Valérie Donzelli) et ses filles. Tandis que Fred Testot n'attend que ça, de quitter sa femme rigide au possible, avec qui il ne couche que quelquefois par an, pour une autre. Quant à Kad Merad, qui a dû manger trois fois de la purée avant le tournage car il est assez costaud, son dilemme est plus subtil.
La mise en scène est, pour une fois dans une comédie française, de qualité, avec une lumière travaillée, des ralentis, l'utilisation de plusieurs voix off, qui font que c'est un peu plus subtil qu'à l'accoutumée.
Seulement, là où je trouve le film problématique, ce sont les femmes qui passent toutes pour entre guillemets les méchantes de l'histoire. Aussi bien Charlotte Le Bon que Léa Drucker, Valérie Donzelli ou Zabou Breitman, elles ont l'air d'être emmerdeuses pour les hommes, alors que j'aurais bien voulu les connaitre davantage. Alors que les hommes y sont clairement montrés comme des gens sympathiques. C'est plus là, c'est peut-être moral, que le film me gêne. La seule qui est clairement mise de côté est Linh-Dan Pham, séduite par Fred Testot, mais dont on ne sait rien à part qu'elle quitte son mari parce qu'elle ne l'a jamais aimé. Et c'est tout.
Quant à la fois, je la trouve au fond très simpliste, sur le fait de profiter de la vie à fond, et sur quelque chose au fond de propre.
Dommage, car le film a d'indéniables qualités artistiques, mais le bide commercial a certainement condamné les deux réalisateurs au cinéma. Comme quoi, fallait pas céder à la tentation !