C'est l'histoire de trois histoires.


Savoureuses.


Montées comme une pièce de théâtre exécutée avec les moyens du bord, comme un spectacle amateur, ces trois histoires mettent en scène un cochon, un lapin et un canard un peu idiots, un renard qui ne fait peur à personne, un loup affamé, un chien de garde qui ne garde pas grand chose. Et des poussins. Et des poules. Un peu psychopathes, les poules, dans leurs cours d'auto défense.


Tout ce beau monde s'ébat dans la cour d'une ferme aux accents de Shaun le Mouton. Ou aux alentours. Et parfois bien au delà, dans des décors au trait simple tout droit issus d'un livre d'images. Mais immédiatement séduisant, comme celui qui animait Ernest et sa petite copine Célestine, il y a cinq ans déjà. Pas étonnant puisque Benjamin Renner se retrouve au poste de (co)réalisateur à chaque fois. L'animation n'est pas en reste, tout aussi simple que les décors auxquels elle prête vie. Et aussi charmante et aérienne.


Ces trois histoires sont exécutées sur un tempo différent, mais il en ressort malgré tout une certaine unité qui fait presque dire que l'une ne pourrait pas fonctionner sans l'autre. Les héros d'un segment reculent à l'arrière plan le temps d'un autre. Pour mieux revenir par la suite, tous attachants, tous rigolos, tous intéressants et travaillés.


Le Grand Méchant Renard et Autres Contes passe comme un souffle, d'un déguisement à l'autre, irrigué d'une joie de vivre qui fait plaisir à voir. Et surtout, d'un astucieux humour old school qui pourra paraître trop gentillet pour certains, mais qui s'appuie presque exclusivement sur des gags visuels qui font systématiquement mouche et certaines répliques tout aussi efficaces que désopilantes. Un humour comme issu d'un autre temps, en totale décalage avec la vogue du caca et du prout paresseux et de la référence lourdingue pour s'attirer la sympathie du public.


Celui-ci, petit ou grand, ne pourra ensuite poser sur ce Grand Méchant Renard qu'un oeil plein de tendresse, tant certaines situations l'exaltent, surtout dans les deux premiers contes où la loufoquerie rivalise avec une certaine poésie. Si les enfants riront aux éclats devant ces tribulations animalières, ceux qui les accompagnent, eux, pourront déceler quelques idées traitant de la condition parentale, les personnages devant prendre en charge un nouveau-né, s'occuper d'une progéniture pour ensuite leur lâcher un petit peu la bride.


Le tout dans un film délicat au charme fou, en forme de petit bijou de l'animation française estampillée 2017.


Behind_the_Mask, qui, pour une fois, peut crier Cocorico ! dans la cour de sa ferme.

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le 28 juin 2017

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