Quand Alexandre Arcady se la joue Coppola et décide de tourner sa version du parrain, le film s’intitule «Le grand Pardon». 1971, le prologue de Coppola, à savoir un somptueux mariage, permettait une présentation magistrale des différents protagonistes. 1980, Arcady lui emboite le pas, mais cette fois, le mariage devient un baptême juif. Une fête religieuse dans la plus pure tradition dans une demeure grandiose et au détour d’un travelling circulaire, Arcady nous a présenté le clan Bettoun. Loin du visage blême et austère, les mâchoires serrées (prothèses obligent) de Brando, nous découvrons la bonhomie et les mimiques caricaturées (un peu trop d’ailleurs) de Raymond Bettoun (Roger Hanin), le patriarche, le chef de clan. Entouré de son fils Maurice (Richard Berry), ses neveux, Roland (Gérard Darmon) et Jacky (J-P Bacri) et son fidèle ami et lieutenant Pépé (Lucien Layani), Raymond Bettoun règne en maître sur Paris «la cosmopolite» au début de cette bouillonnante décade des années 80. L’immigration forcée, un autre thème cher aux deux cinéastes. La fuite d’une Europe misérable vers l’Eldorado américain d’un côté et de l’autre, la communauté Pieds noirs obligée de fuir une Algérie meurtrie et divisée après les accords d’Evian en 1962. De ces destins déchirants vont naitre des empires. Le «Paname» d’Arcady, lui, servira de décor à un polar urbain où les gangs se livrent une guerre sans merci devant une police impuissante. Au même titre que «le Parrain», «Le grand pardon» donne dans la fresque sanglante à grand renfort de règlement de comptes, meurtres, trahisons. Une violence ancrée dans un communautarisme parfois exacerbé, mais c’est la marque de fabrique du cinéma d’Arcady !!

RAF43
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le 3 mars 2017

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