La première moitié du film est du pur de Funès. Pour une raison, d’abord, bien simple : c’est lui qui a quasiment écrit toute la première partie du film. Ce projet, qui lui tenait à cœur depuis de nombreuses années, lui a permis de continuer à peaufiner son personnage à double face, tyrannique avec les faibles et obséquieux avec les forts. Autour de scènes délirantes présentant la vie dans son restaurant, Louis de Funès déploie tout son génie entre comique de situation, comique de geste et burlesque. Cela s’apparente certes à une enfilade de sketches forcément inégaux, mais c’est une belle synthèse de son travail (le déguisement qu’on retrouvera dans L’Aile ou la cuisse, la lâcheté face à la police revue dans Jo, la danse dans Les Aventures de Rabbi Jacob, le désir de reconnaissance à travers la légion d’honneur comme dans Hibernatus).


La seconde partie est davantage tournée vers l’action et porte la patte de Jean Halain qui a scénarisé beaucoup de films de cape et d’épée et d’espionnage, notamment ceux de son père André Hunebelle. Si cette seconde moitié n’est pas mauvaise, elle s’articule cependant assez mal avec l’esprit de la première et a tendance à tourner quelque peu en rond. Le film manque, à ce titre, d’unité et la comédie en elle-même s’essouffle. Elle peut cependant toujours s’appuyer sur la qualité de son interprétation, le personnage de Bernard Blier prenant alors une place plus importante, ce qui donne lieu à quelques joutes savoureuses mêmes si elles auraient pu être davantage approfondies.


Au final, Le Grand Restaurant a cette force de mettre en lumière le génie comique de de Funès à travers des gags hilarants (la danse de ballet au hasard) mais on peut regretter que ses partenaires scénaristes n’aient pas réussi à trouver un prétexte plus emballant (on est très loin de Gérard Oury évidemment). Du coup, sa verve n’est pas totalement exploitée, ce qui est toujours dommage. Cela dit, c’est un classique dans la filmographie de l’acteur tant il a été vu et revu. C’est très amusant mais on a quand même clairement l’impression qu’on nous présente l’addition au milieu du repas alors que de nombreux desserts appétissants ne nous ont pas été présentés.

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le 3 sept. 2021

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