La fin du film à elle seule justifierait une telle note, tant elle est à part dans l'univers cinématographique. Une fin qui fait du bien et qui, surtout, est sans concession. Mais avant la fin, il y a le début…et le milieu. Il y a cette marque de fabrique de Sergio Corbucci: le western spaghetti sombre, crasseux et désespéré, l'enfer sur terre. Un far-west probablement hyper-réaliste, plongé ici dans un hiver sans fin, qui donne un sentiment troublant, mélangeant à la fois cet apaisement qu'apporte la neige et cette mort de la nature qu'annonce l'hiver. On est donc bien loin d'un Raoul Walsh et même d'un Sergio Leone.
Au rayon défauts, la version française devait être en soldes, la plupart du temps ça passe, mais parfois c'est indigent. Il y a bien Jean-Louis Trintgnant comme acteur français, mais vous constaterez que son rôle, version française ou originale, peu importe. Mais quel acteur ! Il atteint sans difficulté la froideur d'un Clint Eastwood des familles, mais avec une beauté (ben oui, on peut être hétéro et admettre qu'il est beau à tomber…) et une douceur paradoxales. Son talent est évident, tant les regards, les positionnements et les gestes sont ses seuls moyens d'expression, et bien il est parfait. Face à lui, un Klaus Kinski bien sûr excellent en ordure (encore que…) au faciès tellement atypique, parvient presque à être sympathique, presque…
Voilà un western d'une beauté esthétique accomplie, accompagnée d'une musique signée de sa sainteté Ennio Morricone. Un western qui marque et qui choque même un peu, tant la fin ne peut pas être la fin, ce western ne peut pas finir comme ça, impossible ! Pourtant si, l'apparition du générique est implacable. Pour la petite histoire, la production a tenté d'imposer une autre fin à Corbucci, qui s'est exécuté mais l'a volontairement bâclée, du coup il a pu imposer la sienne. Cette fin alternative se trouve aujourd'hui dans les bonus et un plan en apparait dans la bande-annonce du film. Morale: Sergio Corbucci était un malin !